Colette Braeckman : « On n’a pas retenu les leçons du Rwanda »

Commémorer le génocide de 1994 au Rwanda, c’est contempler les horreurs du passé. Colette Braeckman, journaliste présente en 1994, a contribué à les analyser, et fait le lien avec le présent. Son approche critique dénonce les crimes et guerres d’alors et ceux qui ont suivi, jusqu’à aujourd’hui, tout en attirant l’attention sur le rôle déplorable de la communauté internationale ainsi que des multinationales et du business du Nord global.

* Ceci est la version longue de l’interview réalisée le 25 avril 2024 et publiée dans le Brennpunkt 323.

On a commémoré en avril le génocide de 1994 au Rwanda, dont les échos se prolongent jusqu’à aujourd’hui. Quel était le contexte international en Afrique suite à la fin de la guerre froide ?

La fin de la guerre froide, ça valait surtout pour les pays du Nord. En Afrique, le sujet était plutôt l’achèvement de la décolonisation ; il y avait encore la guerre en Afrique du Sud, en Angola. Il y avait des pays qui étaient instables, qui avaient connu des changements de régime ; on sortait aussi de la grande famine en Somalie, de troubles en Éthiopie, en Érythrée. Il est vrai que les guerres de décolonisation, comme en Angola, étaient marquées par les clivages de la guerre froide. On pouvait alors espérer que ça allait se calmer : le grand thème était le développement, que l’Afrique pourrait s’arracher à la pauvreté, se développer en suivant les recettes données par les institutions internationales. On est un peu revenu de tout ça, mais c’étaient les espoirs de l’époque.

Vous étiez présente au Congo et au Rwanda en 1994 : quel a été votre regard sur les événements autour du génocide ?

Je connaissais le Congo, appelé encore Zaïre, le Rwanda et le Burundi. À l’époque, on évoquait les conflits locaux d’une façon très dépréciative, comme si c’était des « guerres tribales », des résurgences du passé, et qui allaient finir par se calmer. Or, le malaise était beaucoup plus profond, mais je ne suis pas sûre qu’on le décelait à l’époque. Mobutu était alors encore au pouvoir – c’était lui le grand maître de la région, la force qui surveillait les pays plus petits qui l’entouraient. Mais on sentait bien que cette force-là était en déclin, qu’on arrivait à la fin du règne de Mobutu, lui qui incarnait un peu toutes les dérives des pouvoirs autocratiques, soutenu par l’Occident. Et on voyait bien que de nouvelles forces étaient en train d’apparaître, il y avait déjà l’Ouganda avec Museveni, le Mozambique… On était à un moment de bascule.

En 2013, après avoir présenté à Kinshasa son livre sur le docteur Denis Mukwege, Colette Braeckman a revisité la ville frontalière de Bukavu, ou ce docteur avait soigné des femmes victimes de violences sexuelles dans le cadre des guerres régionales. Cela fait des décennies que la journaliste arpente la région, et jamais sans ses cahiers de notes. © Marc Schmitz

Bascule, oui, mais on ne s’attendait pas à ce qui est arrivé : un génocide ?

Oui, là on sortait brusquement de toutes les catégories, que ce soit celles de la guerre froide, ou celle avec l’étiquette très facile des luttes tribales… Au début, dans la presse internationale, on avait encore cette façon de voir les choses : guerre tribale, les Hutu tuent les Tutsi, les Tutsi tuent les Hutu, des guerres interethniques… Mais c’était une approche fausse, parce que ce qui se passait, c’était un génocide, c’était une tentative d’extermination d’une partie de la population par un autre groupe, téléguidée par la politique. Donc on était dans un phénomène moderne en quelque sorte, bien au-delà des qualificatifs qui avaient cours pendant la guerre froide.

Suite au génocide et à l’offensive victorieuse des forces d’opposition du Front patriotique rwandais (FPR), des Hutu ont fui, des réfugiés mêlés à des génocidaires, et se sont assemblés dans des camps de l’autre côté de la frontière avec le Zaïre. Que s’est-il passé ensuite ?

Cette concentration de réfugiés a en fait caché les problèmes locaux, les problèmes qui préexistaient au Zaïre, des problèmes notamment de surpopulation dans toute cette petite région du Kivu. Des tensions entre les populations d’origine banyarwanda et les populations locales, un problème qui datait du temps de la colonisation. S’y sont rajouté des problèmes actuels, liés à la fin de règne du président Mobutu, qui était affaibli, boycotté par l’Occident, et qui n’arrivait plus à maintenir le pouvoir fort comme auparavant, quand il contrôlait tout. Au Zaïre de l’époque, on se battait pour la démocratie, l’ouverture, le pluralisme… Cette évolution interne du Zaïre a été bousculée par l’afflux de réfugiés venus du Rwanda. Cela a provoqué une crise humanitaire, mais il y avait aussi les préparatifs d’une autre guerre qui allait se mener contre le nouveau pouvoir au Rwanda. Et c’est cette contradiction-là qui, deux ans plus tard, a provoqué ce qu’on a appelé la 1re guerre du Congo.

Les nouvelles forces armées rwandaises et leur allié ougandais sont intervenus au Congo pour se prémunir contre une attaque hutu, avec succès…

Effectivement, cette guerre a réglé, d’une certaine façon, la question des réfugiés : les trois quarts d’entre eux ont été poussés à revenir au Rwanda. À l’époque, on a pensé que le nouveau régime rwandais voulait avant tout assurer la sécurité… ce qui était logique à la suite du génocide et de la présence de l’ancienne armée et des milices génocidaires rassemblées près de la frontière.

Pourquoi le Rwanda a-t-il continué à intervenir dans la région, après la première guerre, terminée en 1997 ?

Il y a deux réponses. La première, toujours avancée par Kigali, est que les réfugiés ne sont pas tous rentrés, mais se sont juste retirés à l’intérieur du Congo. Dans un premier temps, le Rwanda estimait que ces combattants n’étaient plus très nombreux et que la menace était gérable. Mais ce discours a changé. L’Alliance des forces démocratiques pour la libération, l’AFDR, des rebelles soutenus par le Rwanda – ou les combattants rwandais ? – voulaient plus que ça : contrôler le pouvoir politique à Kinshasa. Il y avait un malentendu qui a éclaté très vite. Certes, les Congolais de nationalité congolaise, qui voulaient chasser Mobutu et installer un nouveau régime, menés par Laurent-Désiré Kabila, étaient arrivés avec l’armée rwandaise. Mais ils sont entrés en contradiction avec les alliés qui leur avaient permis de gagner la guerre. Un groupe au sein de l’AFDR voulait faire de Kabila une sorte d’auxiliaire, mais ce serait eux qui auraient le contrôle. Pour des raisons de sécurité, et on verra plus tard que c’était peut-être aussi pour des raisons économiques, et avec l’appui, peut-être, de puissances occidentales comme les États-Unis et le Royaume-Uni. Et en contrepoint la France, qui n’avait pas renoncé à avoir un rôle dans la région. Le président Kabila a alors très vite renié ses anciens alliés et demandé aux troupes rwandaises de rentrer chez elles. Celles-ci sont parties… pendant exactement 48 heures, et puis les hostilités ont repris à l’Est du Congo, avec l’armée rwandaise soutenue par des groupes de rebelles, et on est passé à la deuxième guerre du Congo, qui dure depuis 1998 et n’est toujours pas finie.

L’action du Rwanda dans la région et ses conséquences sont difficiles à justifier sur le plan international…

Une raison a longtemps été acceptée par la communauté internationale, celle de la sécurité du Rwanda, un peu comme Israël face à une menace extérieure. Ensuite, en entrant au Congo, le Rwanda ruiné par la guerre et le génocide, a réalisé l’immense richesse minière de la région et son potentiel à financer la reconstruction du Rwanda. Enfin, les multinationales ont pu estimer qu’exploiter les ressources de l’Est depuis Kinshasa était difficile, avec une situation politique compliquée. Le Rwanda pouvait apparaître comme une plateforme d’où opérer et faire transiter les ressources minières du Congo. Or, c’est à cette époque qu’a augmenté rapidement la demande de coltan, utilisé dans la fabrication des composants électroniques et des téléphones portables. Il était facile d’exploiter les ressources du Kivu avec une main d’œuvre locale et bon marché, y compris avec le travail d’enfants, et de sortir ces ressources par le Rwanda.

Pour l’économie rwandaise, quel est le rôle de ce transit ?

Le Rwanda est aujourd’hui le premier exportateur de coltan au monde, et cela représente un milliard de dollars par an, une part importante du PIB. Il est possible, comme l’affirme Kigali, qu’il y ait des gisements miniers du côté rwandais de la frontière. Mais pas dans de telles proportions, donc une grande partie de ces minerais proviennent du pays voisin par des voies non légales. Il n’y a pas que le coltan, il y a aussi le trafic d’autres minerais, et du café. Au Kivu, tout le monde vous parle des acheteurs rwandais, et des produits locaux qui sont exportés à dos de motocyclette…

En termes de politique intérieure, le bilan du régime de Paul Kagame est également très controversé. Quel est votre bilan des actions menées depuis le milieu des années 1990 ?

Le Rwanda a souvent été cité comme un exemple de stabilisation. Avec la prise de pouvoir du Front patriotique du président Kagame, le pays est rentré dans une période de pacification obligée. Kagame a dit : « Il n’est pas dans mon pouvoir que mes compatriotes hutu et tutsi s’aiment et fraternisent, mais je peux les obliger à vivre en paix et empêcher les actes de vengeance individuelle. » Et donc, il a rétabli une certaine loi, un certain ordre, une certaine régulation de la vie sociale, ce qui, après le génocide, était le plus urgent. Il n’y a plus eu de massacres interethniques, à part certains incidents sur la frontière, mais en gros, le pays a été pacifié. Ça, c’est une première réalisation qui est réelle, la base de tout ; il y a ensuite le retour d’un grand nombre de réfugiés. Après, est venue l’étape du développement : il y a une volonté de politiques sociales, pour que le régime gagne l’appui des populations les plus pauvres. Le FPR a instauré un système de santé, une assurance maladie, la sécurité sociale, un salaire minimum, une éducation de base. Parmi les services de base, celui pour lequel la population est la plus reconnaissante, c’est la sécurité : on circule sans danger au Rwanda de jour comme de nuit ; il n’y a pas d’attaques, pas de banditisme ; le pays est contrôlé.

Le bilan de Kagame apparaît comme un grand succès ?

Oui, mais c’est là le deuxième aspect important : le contrôle. On n’obtient pas en si peu de temps les résultats que j’ai décrits sans un pouvoir fort, même très fort. Le Rwanda est contrôlé sur le plan de la sécurité, mais aussi sur le plan politique – et les organisations de défense des droits humains mettent en cause l’absence de liberté d’expression. Personnellement, je pense que les premières années c’était tout à fait compréhensible, avec l’idée d’établir d’abord un socle minimal de sécurité, mais que maintenant, 30 ans plus tard, ça risque de peser, notamment sur les générations qui n’ont pas connu le génocide. Ils connaissent le contrôle d’aujourd’hui, mais n’ont pas connu les souffrances et les risques du temps de la guerre et du génocide. Même si les gens n’en parlent pas ouvertement, la situation risque d’être moins bien acceptée… Même si le président Kagame est encore fermement installé au pouvoir, même si son mandat est encore confirmé aux prochaines élections, il n’est pas éternel. La question que tout le monde se pose : après lui, que va-t-il se passer ? Ce n’est pas encore pour demain, mais la question de la succession se posera et n’a pas été adressée jusqu’ici.

N’y a-t-il pas aussi le risque d’une revanche des dominés d’aujourd’hui dans l’après-Kagame ?

Oui, c’est justement le grand danger. Mais on n’en parle pas ; au Rwanda, vous ne pouvez pas poser la question. Soit, vos interlocuteurs ne répondent pas, soit vous les mettez en danger. La réponse, on peut aller la chercher au Congo. Le Rwanda y mène une politique agressive, il cherche à contrôler l’Est du Congo par des mouvements rebelles interposés. On peut dire ce qu’on veut à Kigali, que les combattants sont des Tutsi d’origine congolaise, mais à considérer leur armement sophistiqué, la logistique, l’inspiration politique, on voit qu’ils sont liés au Rwanda, approvisionnés par lui. Le Rwanda a en quelque sorte exporté son insécurité, exporté la guerre vers le pays voisin.

Le Congo victime de son petit voisin ?

Pour citer Kabarebe, responsable des opérations au Congo : « Il n’y aura pas de guerre au Rwanda ; notre pays trop petit n’a pas la profondeur stratégique pour se permettre ce risque. » Or, si on fait état de l’opinion publique en RDC, celle-ci est extrêmement remontée contre le Rwanda, ce qu’elle n’était pas avant. À force d’attaques et de guerres, il y a une réalité du nationalisme congolais qui se traduit par une hostilité contre le Rwanda et ses menées belliqueuses. Et cela risque de se traduire aussi par des actes d’exclusion, de xénophobie à l’égard des Tutsi qui vivent au Congo. À long terme, c’est dangereux : le Rwanda a 13 millions d’habitants ; il s’en prend à un pays géant, un pays riche, un pays qui a 100 millions d’habitants. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les communications et l’information par Internet, toute la RDC est consciente de ce qui se passe à l’Est, consciente de cette prédation des matières premières – et tout ce pays est hostile à ce petit voisin rwandais. Certes, le Rwanda se dit qu’il ne craint rien, qu’il a la meilleure armée de la région. Mais à long terme, cela me paraît intenable, et je crains qu’au moindre signe de faiblesse au Rwanda, le Congo va récupérer ses droits, son territoire. La loi du nombre va jouer ; le patriotisme congolais est une réalité qui a peut-être surpris Kagame, qui, tout en étant lui-même nationaliste, a totalement méprisé et sous-estimé le nationalisme congolais. Une erreur d’appréciation politique assez grave.

Pour revenir aux perspectives nationales : une démocratisation du Rwanda est-elle possible ?

Je ne sais pas… Le régime fait des efforts, peut-être faut-il attendre la troisième, la quatrième génération. Pour les jeunes Rwandais, ça va un peu mieux, ils se parlent, estiment que le lourd passé est derrière eux. Mais malgré tout, qui sait comment on parle dans les familles, ce qu’on pense vraiment… Le régime est efficace, mais il repose sur un groupe dirigeant qui reste minoritaire.

Quel a été le rôle de la communauté internationale en 1994 ?

Ce qui s’est passé avant, et surtout, pendant le génocide, c’est qu’il y a eu une carence énorme de la communauté internationale. Les Nations unies se sont impliquées dans les accords de paix précédant le génocide, mais son action a été insuffisante pour en garantir l’application, avec un retour des réfugiés tutsi et un partage du pouvoir à mettre en place. Déployer 2 500 casques bleus au Rwanda, avec un mandat purement défensif, était absolument insuffisant. On n’a pas renforcé ce mandat après le début des massacres. Et au lieu d’envoyer des troupes supplémentaires, on a même retiré la majeure partie des casques bleus sous l’influence notamment de la Belgique. L’ONU s’est montrée dramatiquement impuissante, elle n’a pas empêché la mort d’un million de personnes.

Ça a tout de même créé un effet de mauvaise conscience…

Bien entendu, le régime du FPR en a pris argument par la suite pour obtenir des dédommagements, une aide internationale importante. Il y a aussi eu une sorte de chantage envers la communauté internationale qui s’est installé : Vous nous avez abandonné en 94, maintenant vous n’avez pas le droit de critiquer nos actions. Cette espèce de chantage à la mauvaise conscience, qui se comprenait, a pu fonctionner. On a fermé les yeux sur le côté autoritaire et on a valorisé les résultats du régime de Kagame. Je crains que maintenant, après trois décennies, et au vu de l’ampleur des dégâts, de la déstabilisation en RDC, ce crédit est en train de diminuer. La communauté internationale a aussi vu dans l’armée rwandaise un gage de stabilisation, puisqu’elle offrait ses services au sein des contingents des Nations unies. Mais là encore, si on regarde de plus haut, on voit que le soutien de cette armée au groupe rebelle M23 déstabilise la RDC. Ce qui se lisait d’une manière par le passé peut se lire différemment à l’avenir : on voit aujourd’hui des mises en garde des Nations unies, mais surtout un durcissement de ton des critiques américaines. Et un coup de froid entre le Rwanda et la Belgique, et aussi avec l’Afrique du Sud – les feux commencent à clignoter.

Cette indulgence par rapport aux violations des droits humains du régime de Kagame, si elle diminue, va-t-elle conduire à porter un regard plus critique sur ses agissements au Rwanda et au Congo ?

Il faudrait être beaucoup plus vigilant. Pas seulement en écoutant les opposants rwandais en exil, surtout en menant soi-même des enquêtes dans la région. Mais on constate que l’Union européenne n’est pas très exigeante, puisqu’elle vient juste de conclure un accord pour l’accès aux minerais stratégiques et livre pour 20 millions de dollars d’équipements militaires. Certes, le Rwanda excelle à soigner les apparences, mais il faut mener des investigations, par exemple sur certaines disparitions – ce n’est pas fait pour le moment.

Sur le plan international, pensez-vous que des leçons ont été tirées de l’impuissance face au génocide de 1994 ?

Tout le monde s’est battu la coulpe en disant qu’on aurait dû intervenir pour empêcher ça. Et des gens un peu naïfs comme moi ont eu une certaine compréhension pour la communauté internationale : il n’y avait pas d’images, pas beaucoup d’informations sur ce qui se passait au Rwanda. Aujourd’hui, ces arguments ne tiennent plus. À Gaza, même s’il y a eu une centaine de journalistes palestiniens tués par les Israéliens, même si on empêche les journalistes étrangers d’accéder à la bande de Gaza, l’information circule quand même. On a des images de Gaza, y compris des images par satellite, on connait le bilan des morts et des destructions, on voit tous les jours en direct des images sur nos écrans… Mais l’impuissance est la même qu’en 1994, on ne fait rien, ou plus grave encore, les États-Unis ont livré des armes supplémentaires. En clair : on n’a pas retenu les leçons du Rwanda, et au contraire, on fait pire aujourd’hui, alors qu’on sait ce qui se passe.

La perception occidentale des conflits reste très sélective…

Oui, il faut ajouter que si à Gaza, on sait ce qui se passe, par contre, au Kivu, dans les camps de déplacés autour de Goma, ce n’est pas mieux que Gaza. La manière dont vivent un million et demi de déplacés au Kivu, avec un manque de nourriture, d’eau, de protection contre les attaques. Mais là, il y a très peu de journalistes, il y a des humanitaires, mais pas suffisamment, il y a moins d’informations qui en sortent. Et un beau jour, quand on mesurera la tragédie du Kivu, on expliquera qu’il y avait Gaza en même temps, et qu’on n’a pas fait attention… C’est criminel, car l’information est là, il faut la prendre au sérieux et décider politiquement qu’on fait ce qu’il faut. Et malheureusement, c’est le contraire qui se passe : la Mission de l’ONU, la Monusco, au bout de son mandat, se retire du Sud-Kivu, et après, on va faire quoi… éteindre la lumière ?

 

Colette Braeckman, grand reporter pour Le Soir, était présente au Congo et au Rwanda en 1994. Elle est notamment connue pour ses articles de l’époque, parmi les premiers à mettre en lumière la réalité du génocide et son contexte. Elle poursuit toujours sa démarche de journaliste engagée et passionnée, et continue à suivre avec un regard critique l’actualité tragique en Afrique centrale et dans le monde.

 

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