Ce numéro du Brennpunkt Drëtt Welt est dédié à la faim résultant de notre système alimentaire défaillant. Avant l’apparition de la covid-19, l’accès et la production de l’alimentation constituaient déjà des préoccupations urgentes, qui sont en train de s’aggraver encore plus en raison de la pandémie. Dans son rapport publié en juillet 2020, « Le virus de la faim », Oxfam estime que 12.000 personnes par jour vont mourir de la faim, du fait des impacts socio-économiques de la pandémie. En fin de compte, selon l’ONG, il pourrait y avoir plus de personnes qui meurent de la faim que du virus.
En effet, comme l’expliquent les articles dans ce dossier, en raison de différents facteurs, la faim est toujours plus présente et plus préoccupante et nous ne devons pas perdre ce problème de vue.
L’article sur la lutte contre l’invasion d’essaims de criquets pèlerins au Kenya constitue un exemple alarmant de l’impact du changement climatique sur la production agricole. A titre d’exemple, un petit essaim d’un kilomètre carré peut manger en une journée la quantité de nourriture qui nourrirait 35 000 personnes.
Alors que des décisions importantes devront être prises pour faire face aux problèmes liés aux systèmes alimentaires lors du Sommet Mondial sur l’alimentation organisé par les Nations Unies l’année prochaine, la société civile alerte que les entreprises multinationales de l’agrobusiness tentent de prendre le contrôle sur les négociations et donc sur le futur de nos systèmes alimentaires et agricoles. Les décisions prises lors du Sommet auront un impact direct sur la nourriture qui est servie (ou pas) dans les assiettes des gens, y compris au Luxembourg.
Or, les solutions technologiques promues par l’agrobusiness échouent, ici et à l’étranger, car elles aggravent la dégradation de nos moyens de subsistance. L’introduction et la consolidation des OGM, des pesticides et des engrais sont en train de détruire notre sol.
Pourtant des alternatives existent, dans le Sud, et ici chez nous, comme le confirment les articles de l’expert environnemental Ashish Kothari de l’Inde et du collectif luxembourgeois Terra. Ils racontent les expériences de petits agriculteurs et de coopératives qui prennent soin de la biodiversité de leur écosystème local, connaissent le sol et ont une relation personnelle avec la terre.
Ils s’occupent de la vie de la terre, des êtres vivants et des gens en tant qu’écosystème. Ils construisent la solidarité en partageant avec les autres.
Ces alternatives sont essentielles aujourd’hui, ici et à l’étranger, car le système alimentaire mondialisé risque de s’effondrer sous sa forme actuelle. S’il y a un avenir pour notre relation avec l’alimentation, c’est celui de la solidarité. Ou aucun.