Editorial

 

Où est la relance centrée sur les humains et écologiquement durable ?

Face à la superposition de crises marquées par la covid19, l’économie mondiale continue d’être fortement touchée. Les blocages et autres restrictions ont aggravé les moyens de subsistance des populations partout dans le monde.

Au niveau local, de nombreuses personnes se retrouvent sans filet de sécurité. À l’étranger, ceux qui sont déjà sans filet de sécurité sont confrontés à un mélange catastrophique insondable qui comprend la faim, la catastrophe environnementale, le chômage et la maladie.

Le dossier de ce numéro aborde la manière dont les différentes institutions publiques tentent de relancer l’économie en réponse à la pandémie (outre les crises climatique et sociale préexistantes). Des dynamiques similaires se répètent partout dans le monde:

1. On observe une tendance mondiale des institutions publiques qui s’associent aux entreprises pour fournir une « aide » à la relance économique.

2. Par conséquent, ces institutions publiques ne peuvent que privilégier la viabilité économique et financière des projets (et les bénéfices à court terme du secteur privé) par rapport à leur mandat réel qui est d’assurer la sécurité des secteurs de la société qui se retrouvent sans filet de sécurité.

3. Cette relance économique n’aborde pas les problèmes systématiques qui se cachent derrière les multiples crises. Au contraire, elle aggrave nos moyens de subsistance en exacerbant la crise climatique et la perte de biodiversité. D’où l’intensification de la propension aux pandémies et de l’instabilité sociale et politique généralisée.

4. Les institutions publiques semblent structurellement peu désireuses de faire preuve de la diligence requise pour faire face aux violations des droits humains et à la destruction de l’environnement. En même temps, elles n’assument pas leurs responsabilités.

5. Les institutions publiques ont tendance à ne pas disposer de canaux démocratiques efficaces pour répondre aux préoccupations et aux demandes légitimes de la société civile.

Dans l’ensemble, la relance économique apparaît comme injuste, largement dirigée par les entreprises, laissant pour compte de nombreuses personnes et incapable de s’attaquer à la destruction systématique de l’environnement et aux violations des droits humains.

Un appel qui se répète au niveau de la société civile, près et loin des lignes de front des crises qui se chevauchent, est le suivant : le système économique ne peut pas être sauvé à tout prix. La responsabilité en matière de droits humains et environnement n’est pas facultative. Notre existence est menacée par ce système d’exploitation implacable créé par l’Homme.

Le devoir de la société civile est d’exiger la transparence et la responsabilité de nos institutions publiques. La société civile n’est pas une menace pour les institutions publiques mais la base très légitime du processus démocratique. Sans responsabilité publique, il n’y a pas de démocratie, car c’est en écoutant toutes les voix que nous pouvons construire un avenir juste et durable.

Alors que ce dossier se concentre sur les réponses économiques aux crises qui se chevauchent, la lutte va au-delà de la dépossession économique des écosystèmes et des personnes. Il s’agit des idéaux de la démocratie et de la règle du peuple. Ce qui est en jeu, c’est la destruction des systèmes juridiques établis pour défendre les droits et la nécessité d’accorder ces droits à la nature. Mais cela fera l’objet d’un autre dossier…

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