Editorial

Cette année, l’ASTM fête son 50ème anniversaire. Nous allons le célébrer comme il se doit, mais c’est également l’occasion de faire un bilan et surtout de réfléchir au futur, en prenant en compte les phénomènes et les prévisions de plus en plus inquiétants auxquels nous devons faire face.
En effet, l’heure est grave et ce n’est pas les contributions de nos auteurs qui diront le contraire. Un sentiment d’approcher le point de non retour commence à se répandre dans l’air. Une prise de conscience que nous nous trouvons aujourd’hui à un moment décisif et que les actions que nous allons mettre en place maintenant définiront en grande partie notre futur.
La pression est donc à son comble. Et dans ce contexte, comment concevons-nous le rôle de la société civile aujourd’hui ? Y a-t-il une vision commune ? Même dans un petit pays comme le Luxembourg, nous risquons d’obtenir des réponses radicalement différentes.
Certains définissent la société civile comme une voix critique mais cette approche résonne-t-elle encore auprès des citoyens ? Permet-elle de rallier une majorité d’entre eux à nos causes?
Et si nous commencions la réflexion sur notre rôle en nous interrogeant d’abord sur la perception de celles et ceux dont les intérêts nous sommes censés défendre : les citoyens ?
Dans plusieurs pays, la droite populiste a réussi à récupérer leur colère face aux injustices dans nos sociétés, injustices que nous, la société civile, dénonçons depuis des années. Nos opposants nous accusent « d’être toujours contre tout » « d’être idéologique » ou de « critiquer sans proposer des solutions ».
Dans son dernier rapport sur l’état de la société civile dans le monde, l’organisation CIVICUS prône pour un changement de paradigme au sein de la société civile afin de répondre aux défis actuels. Elle appelle à « développer un argumentaire positif », « qui amène les gens avec nous sur la base de ce que nous défendons plutôt que ce contre quoi nous luttons », et « qui offre des solutions réelles plutôt que des réponses simplistes et trompeuses qui sont l’apanage des politiciens populistes». Et ceci d’urgence…
Or, ce nouveau paradigme ne doit pas venir du haut vers le bas, il doit être construit avec les citoyens. (N’oublions pas que nous, les organisations de la société civile, sommes souvent accusées de faire partie du système.)
Cela demande beaucoup plus de contacts avec eux, une écoute plus attentive et davantage d’actions pour renforcer la confiance du public dans la société civile. Cela demande aussi d’oublier parfois notre côté institutionnel et nos propres agendas. Les récentes collaborations entre la société civile et les mouvements citoyens réclamant la justice climatique et sociale sont une excellente opportunité pour construire ce nouveau paradigme. Saisissons-là !

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