Introduction

À quoi faisons-nous référence lorsque nous parlons du care ? Le care implique d’accorder de l’attention, de s’occuper, de répondre aux besoins et d’assumer la responsabilité de quelqu’un ou de quelque chose. Dans ce dossier, nous utilisons principalement le mot anglais care car il n’existe pas de traduction exacte en français.

Le care est placé au centre de ce dossier. Dans nos sociétés et nos discours, le care reste encore aujourd’hui largement considéré comme une affaire inférieure, féminine, enfoui sous d’autres questions plus importantes telles que la croissance économique et le profit.

Le dossier vise à déterrer la nature du care et à présenter différents angles pour en reconstituer sa pertinence. L’extrait de la conversation « sentipensante » sur le care commence par dévoiler les axes d’oppression du système-monde moderne qui les nient, les cachent et les invisibilise. María Grace Salamanca affirme que le système-monde n’est qu’une option et que l’art, en particulier le théâtre, peut développer notre care en termes de sensibilité afin de pouvoir faire face aux crises qui se chevauchent. Ensuite, Michaël Lucas réfléchit à la manière de prendre de la nature en mettant en avant la perspective du Nord global et celle du Sud global et des peuples indigènes. Il pose la question « who cares ? » et s’interroge sur « who destroys ? ». Karen Spannenkrebs aborde le care en tant que travail dans le contexte de la migration des travailleurs de la santé du Sud global vers l’Allemagne. C’est cette dimension du care, en tant que métiers des soins, qui est généralement admise. Aline Ouvrard et Karine Paris examinent le care sous l’angle de la permaculture et du « care of soil ». Après tout, selon Vandana Shiva, « la biodiversité du sol, de nos champs et de nos entrailles est un continuum ». Consuelo Mora, du réseau des défenseuses des droits humains en Méso-Amérique, partage leur stratégie collective pour prendre soin d’elles-mêmes pour faire face à ce qu’elles perçoivent comme des circonstances dégradantes en Méso-Amérique… et sans doute au-delà. Le dernier article s’interroge sur le lien entre les déchets, la croissance économique et le care… ou le manque du care, face aux multiples crises qui se chevauchent.

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