Introduction – Luxembourg: l’avenir de la coopération au développement et des droits humains

L’ère de la coalition tricolore au Luxembourg a pris fin avec les élections en octobre 2023. S’est désormais installé un binôme libéral conservateur, dont le dernier « règne » s’était achevé il y a exactement 20 ans. Depuis lors, le travail incessant d’activistes, d’acteurs de la société civile et de chercheurs a permis de mettre davantage au jour les impacts de la mondialisation et de la financiarisation de l’économie en termes de justice, sociale et climatique, et de droits humains à l’échelle planétaire. Dirigeant un pays emblématique du Nord global, la nouvelle coalition devra assumer ses responsabilités, historiques et contemporaines, à l’égard des populations du Sud global. Qu’en est-il précisément ? Quels sont les engagements annoncés par le gouvernement en matière de coopération internationale ? Le présent dossier cherche à répondre à ces questions.

L’exécutif mené par « neie Luc » semble vouloir faire souffler un vent nouveau, y compris dans le domaine de la politique de développement au sens le plus large. Dans ce dossier, nous arrivons déjà à déceler des indices dévoilant le cap vers où le vent soufflera. Premier endroit d’investigation : l’accord de coalition. En identifiant ses angles morts et ses éléments manquants, l’analyse de Sebastian Weier vous permettra de vous projeter dans l’avenir. Ensuite, en se portant sur l’interview de Xavier Bettel, nouveau ministre de la Coopération et de l’aide humanitaire, votre regard vers l’avenir pourra se préciser : à côté d’affirmations qui se veulent rassurantes sur la continuation d’une politique présentée comme ambitieuse, on y lira aussi la confirmation d’une attention aux intérêts géostratégiques du Luxembourg tout comme la grande sensibilité à l’apport du secteur privé. Le risque de confusion des genres ne semble guère inquiéter le ministre. En outre, il confirme dans son interview le soutien, décidé par la coalition sortante, apporté au régime autoritaire de Kigali pour la mise en place d’un hub financier rwandais grâce à « notre savoir-faire national ».

La directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité est un autre dossier hérité du gouvernement précédent. Après avoir abordé les éléments clés de la directive et la position du Luxembourg à l’égard de ces derniers, Nadine Haas discute des opportunités et des défis d’une législation plus ambitieuse à l’occasion de la transposition de ladite directive dans le droit national. Le vote sur la directive et la suite du dossier ici au Luxembourg offriront un premier indicateur de la fermeté des engagements du nouveau gouvernement en matière de droits humains et de durabilité.

Au Luxembourg comme ailleurs en Europe, on perçoit des signaux, parfois faibles, parfois explicites, que la dynamique politique autour de la coopération au développement est en train d’évoluer. Il nous appartient d’être vigilant et d’agir pour que ce soit dans le bon sens.

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