Née au Maroc, Fatima Ouassak est politiste et essayiste, elle est également militante écologiste dans les quartiers populaires de la région de Paris. |
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La réalité du désastre climatique est largement documentée et chiffrée. Il s’agit de faits scientifiques fiables et dramatiques quant à ce qu’ils nous enseignent sur l’irréversibilité de la catastrophe qu’auront à subir nos enfants et petits-enfants : leur monde est déjà en partie détruit, quoi que nous fassions. Pour autant, c’est notre action présente qui déterminera l’ampleur de la destruction. Nous pouvons toujours agir afin que ce monde soit moins invivable et, plus respirable que ce qu’il promet de devenir si nous ne faisons rien.
Alors, comment expliquer que les descendants de l’immigration africaine qui vivent en Europe s’intéressent aux conséquences du dérèglement climatique de l’autre côté de la Méditerranée, en Afrique, allant jusqu’à s’organiser collectivement pour financer des projets de plantation d’arbres ou de forage de puits, mais ne s’intéressent visiblement pas à ce qui risque de se passer de ce côté de la Méditerranée, en Europe, où ils vivent depuis si longtemps, et où naissent leurs enfants et petits-enfants ? Pourtant, personne n’est plus sensible au désastre écologique que les populations vivant en périphérie des grandes métropoles. Alors pourquoi ne cherchent-elles pas à protéger leurs quartiers de la bétonisation pour mieux y respirer ? Pourquoi la terre dont elles se soucient, cette terre qu’elles voudraient protéger des inondations et des sécheresses, est-elle celle du pays, en Afrique, et non celle où elles vivent, en Europe ?
Il faut dire que les habitants des quartiers populaires ont de bonnes raisons de s’inquiéter davantage pour l’Afrique que pour l’Europe. Notre maison brûle, certes, mais le système trie entre les maisons qui comptent et celles qui ne comptent pas. Et les habitants des quartiers populaires le savent à double titre : parce qu’ils habitent dans les quartiers ségrégués en Europe et parce qu’ils viennent de pays colonisés par l’Europe. Ils savent que c’est la maison européenne qui, depuis des siècles, met le feu chez sa voisine africaine tous les soirs afin de préparer son copieux repas, et qui aujourd’hui plus que jamais ferme ses portes à double tour quand elle vient chercher refuge. C’est un fait, les populations qui vont le plus souffrir du désastre climatique, ce sont celles qui vivent en Afrique. Les pays européens sont responsables de bien plus d’émissions de gaz à effet de serre que les pays africains, mais ce sont les pays africains qui payent le prix du réchauffement climatique que l’Europe a largement engendré.
Le manque d’intérêt des populations habitant les quartiers populaires envers la question du climat est lié à leur désancrage organisé et systématique, aux processus, reconduits de génération en génération, qui en font des sans-terre et donc des sans-pouvoir.
Tout est fait pour que ces populations ne s’ancrent pas dans cette terre européenne et pour les condamner à l’errance. Mille frontières physiques et symboliques les y contraignent : Tu n’es pas d’ici, tu n’es plus de là-bas, tu es de nulle part. Même aux enfants et petits-enfants nés ici et qui ne connaissent pas d’autres terres, on répète qu’ils sont étrangers, qu’ils ne sont pas chez eux, pas à leur place, qu’ils n’ont pas le droit de circuler librement, qu’ils doivent montrer leurs papiers comme s’ils passaient la douane alors qu’ils ne font que discuter au pied de leur immeuble.
En Europe, la population descendante de l’immigration postcoloniale doit constamment faire la démonstration de son utilité et, si elle n’est pas jugée assez utile, elle doit disparaître. Elle est jetable. Mise au travail mais aussi constamment en sursis. L’immigration dite de travail des années 1960 et 1970, fondée sur l’utilité économique, vise à les mettre en situation d’errance perpétuelle.
La condition d’errance caractérise notamment le fait que des personnes, qui pourtant n’ont pas migré, qui parfois même n’ont jamais quitté le quartier où elles sont nées, continuent d’être taxées d’immigrées. On associe au fait migratoire les populations non blanches nées en France, non pas pour dire qu’elles sont venues d’ailleurs, mais pour répéter qu’elles n’y sont pas chez elles. À cause de ce désancrage organisé, ce qui aurait pu être une richesse – être d’ici et de là-bas – est devenu une malédiction : n’être ni d’ici ni de là-bas, continuer à errer. C’est d’ailleurs à mon sens ce qui définit le mieux la population venue d’Afrique installée en Europe : elle est privée de terre, elle vit sans terre, elle erre.
Sans terre, sans pouvoir, les descendants et descendantes de l’immigration postcoloniale sont aussi sous-humanisés ; ils et elles vivent dans leur chair et dans leur quotidien l’expérience de la hogra. Par hogra, il faut entendre la volonté institutionnelle de terroriser et humilier les individus ; la hogra est l’expression d’une haine en apparence gratuite, du viol de ce qui fait la dignité d’un être, jusqu’à le faire passer sous terre (traduction d’une expression rifaine synonyme de hogra). Mais sa fonction est de rappeler l’individu à l’ordre socio-racial. C’est ce qui se passe par exemple quand un policier chuchote à l’oreille d’un enfant de quatorze ans que s’il le revoit encore traîner dehors il le battra jusqu’au sang.
Ce désancrage et cette humiliation organisés sont très utiles : ils permettent d’utiliser les lieux de vie des descendants de l’immigration postcoloniale afin d’y installer des incinérateurs, des usines, des datacenters, des parkings, des échangeurs autoroutiers, des décharges, du bruit, du laid, des odeurs nauséabondes. Il permet d’en faire des lieux où l’on peut polluer et maltraiter la terre sans que cela ne provoque ni désordre ni révolte, puisque l’on ne cesse de répéter à cette population que cette terre n’est pas la sienne.
On ne peut pas demander aux habitants des quartiers populaires de s’impliquer contre ce qui détruit la terre ici et, en même temps, leur rappeler sans cesse qu’ils n’y sont pas chez eux à coups de discriminations raciales massives dans tous les espaces sociaux, de contrôles policiers racistes, de difficultés à obtenir des papiers ou d’islamophobie plus ou moins assumée. On ne peut pas attendre de populations qui n’ont même pas le droit de dire publiquement « Dieu est grand » qu’elles veuillent bien rejoindre le front climat par amour pour Gaïa. On n’est pas en position de protéger une terre en danger là où on est soi-même écrasé et sous contrôle permanent. On n’est pas en position de protéger une terre là où on n’a aucun pouvoir de changer les choses. Dans les quartiers populaires, la question écologique ne peut pas être celle de la protection de la terre – de l’environnement, de la nature, du vivant ; elle doit être celle de sa libération.
En Europe, le projet écologique majoritaire, tel qu’il est porté aujourd’hui par les partis politiques et la plupart des organisations écologiques, relève d’une aspiration non pas au changement, comme il le prétend, mais au maintien de l’ordre social actuel. Il y est beaucoup question de protection, mais jamais de libération ; il exprime clairement une inquiétude face au changement (« On veut que nos enfants aient la même vie que nous ») et une aspiration à la préservation de la vie d’avant, avant le réchauffement climatique, avant le risque démographique et migratoire. Il témoigne d’une relative indifférence à l’égard du sort du reste du vivant et des humains (malgré la mobilisation de grands discours universels sur la Planète, l’Humanité, le Vivant …) de manière à s’assurer un pré-carré qui seul pourrait réserver le niveau de confort matériel atteint aujourd’hui en Europe par les classes supérieures blanches. Il n’y a pas de réelle remise en question du rapport social que le système capitaliste produit et sur lequel il repose, notamment en termes de domination de classe, de genre et de race. Dans ce projet, on ne se soucie en rien de la haine raciste que le système capitaliste produit en masse, pas plus que des conséquences de cette haine raciste organisée (le suprémacisme blanc) sur la vie des populations non blanches vivant en Afrique ou d’origine africaine vivant en Europe. On n’y revendique ainsi jamais ce qui devrait être un droit fondamental pour tout écologiste digne de ce nom : la liberté de circulation et d’installation de tous les humains ; il se contente de promouvoir des campagnes d’aide au développement, d’aide aux migrants, ou de sensibilisation à la question environnementale dans les pays/quartiers défavorisés.
Ce projet écologique majoritaire ne correspond en rien aux aspirations au changement dans les quartiers populaires où l’inquiétude est plutôt que rien ne change.
Si nous voulons y voir plus clair et avancer, il faut répondre à quelques questions importantes, rarement posées dans le débat politique. Nous sommes d’accord pour régler le problème climatique, mais du point de vue et dans l’intérêt de qui ? Est-ce l’humanité que l’on veut sauver, ou juste sa fraction blanche et fortunée ?
L’écologie pirate tente de répondre à ces questions et envisage la possibilité de se libérer du système responsable du désastre climatique et des entraves à la liberté de circuler dont il a besoin pour se perpétuer. Si l’écologie est une science, alors l’écologie pirate est la science des stratégies qui permettent de reprendre du pouvoir, du temps et de l’espace au système colonial-capitaliste. Si l’écologie est une lutte, alors l’écologie pirate est une lutte collective pour que chaque individu puisse circuler librement. Si l’écologie est un mouvement social, alors l’écologie pirate est le mouvement de toutes celles et ceux qui refusent l’injustice et veulent laisser autre chose aux enfants que ce monde nauséabond. L’écologie pirate est un projet de résistance qui a comme objectif la libération de la terre et comme horizon l’égale dignité humaine et la liberté de circuler.
Ce n’est que par la terre que celles et ceux qui en sont dépossédés se libéreront. Cette libération passe par l’impérative combinaison d’un ancrage territorial (On est ici chez nous !) et de la liberté de circuler (On est chez nous partout !). Ancrage et liberté : voilà qui peut paraître contradictoire. D’ailleurs, la gauche revendique volontiers une certaine liberté de circuler (sous conditions), alors que l’ancrage territorial, souvent associé à un discours xénophobe (On est ici chez nous ! Dehors les étrangers !), est revendiqué par la droite et l’extrême droite. Le projet politique défendu ici a pour ambition de réconcilier la notion d’ancrage territorial (dans une perspective antiraciste) et la liberté de circuler (nécessairement sans conditions), pour forger l’un des fers de lance d’un large front de libération des êtres et des terres réduits au statut d’objets utiles au développement du système colonial-capitaliste.
Pour sortir de l’errance, les descendants de l’immigration postcoloniale qui vivent en Europe ont besoin d’une terre. Et cette terre est ici, en Europe.
Les descendants de l’immigration postcoloniale y seront vraiment chez eux quand ils auront le droit d’accueillir, sans conditions, leurs proches vivant de l’autre côté de la mer, la famille, les amis, les voisins, le village, le monde entier, s’ils le souhaitent. Être chez soi, c’est pouvoir accueillir qui l’on veut sans avoir à le justifier devant quelque autorité que ce soit. Et ainsi réparer l’affront de décennies entières durant lesquelles les communautés et familles descendantes de l’immigration africaine ont été séparées par le mur qu’est devenue la Méditerranée, isolées, amputées du fait des règles racistes – la gestion des flux migratoires – qu’a imposées à ces communautés le système colonial-capitaliste pour en tirer le maximum de profit. Ces communautés et familles ont été de ce fait affaiblies au niveau politique – moins de force politique ici et là-bas – et culturel – moins de transmission des langues, de l’histoire et de la mémoire des luttes. Cela a entraîné également des inégalités de classe entre légaux et illégaux, entre immigrés et migrants, entre ici et là-bas, la construction de frontières entre sœurs et frères, entre conjoints, entre parents et enfants ; des blessures et des traumatismes sur plusieurs générations. Les enfants descendant de l’immigration postcoloniale ont le droit de vivre une vie familiale et communautaire pleine et entière. Afin que ce droit d’accueillir puisse s’exercer, il faut que soit reconnue comme droit fondamental la liberté de circulation et d’installation.
En Europe aujourd’hui, le projet politique de fermeture totale des frontières aux personnes venues d’Afrique est devenu largement majoritaire. À l’extrême droite, la position des suprémacistes blancs monte en puissance ; elle est claire et assumée : pour éviter le grand remplacement des Européens blancs par les populations non blanches, musulmanes en particulier, il faut fermer totalement les frontières et organiser la remigration – déportation – de ces populations vers l’Afrique. Cette position ne fait que prolonger la logique coloniale-capitaliste du rapport qu’entretient l’Europe vis-à-vis de l’Afrique depuis des siècles. Face à cette position, il n’y a pas de ligne politique claire et assumée. Il faut dire que la liberté de circulation et d’installation n’est pas reconnue comme un droit fondamental par les États européens et les organisations internationales. Dans la mesure où des personnes en sont légalement privées, la circulation sans entraves n’est pas une liberté, c’est un privilège. Dans leur grande majorité, les écologistes européens refusent de remettre en cause ce privilège. À propos des milliers de personnes migrantes qui meurent chaque année à cause de la répression européenne, le discours écologiste est essentiellement humanitaire. De manière plus générale, face aux suprémacistes blancs, le camp écologiste est sur la défensive. Personne ou presque n’assume d’opposer au projet suprémaciste européen un autre projet de libre circulation et d’installation des humains, avec la garantie que cette liberté puisse effectivement s’exercer.
Cette manière de faire de l’écologie n’est pas à la hauteur des enjeux mondiaux. La liberté de circuler comme droit fondamental doit être conçue comme l’alternative à la question climatique et démographique, telle qu’elle est portée par l’extrême droite, et une alternative à la logique coloniale-capitaliste. La liberté de circuler reconnue comme un droit fondamental garanti, et non plus restreinte par les autorités européennes, permettrait de dissocier la dignité humaine des populations non blanches de leur utilité pour le système colonial-capitaliste.
Le système colonial-capitaliste trie et hiérarchise les humains et les terres afin de mieux exploiter et tirer profit des sous-humanisés et des terres dépréciées. Cette hiérarchisation est à la fois un effet du système colonial-capitaliste et une cause du désastre écologique, lequel renforce encore la hiérarchisation des humains et des terres : elle est responsable d’un dérèglement climatique certes global, mais qui entraîne évidemment des conséquences beaucoup plus violentes sur les terres dépréciées du sud de la Méditerranée que sur celles plus valorisées du Nord.
Ce qui aggrave encore les inégalités entre Europe et Afrique, permettant aux Européens de tirer profit du dérèglement climatique qu’ils ont eux-mêmes provoqué aux dépens des Africains.
La liberté de circuler doit être considérée comme un outil indispensable de la réponse à l’urgence climatique. Plutôt que de jouer à se faire peur à l’idée d’un déferlement sur les plages européennes de hordes de barbares venus d’Afrique – qualifiés de réfugiés climatiques, comme le font les Européens aujourd’hui, y compris une grande partie du camp écologiste –, l’urgence doit plutôt être d’organiser la possibilité de toute population en danger de quitter les lieux, de s’échapper, de prendre la mer. Et d’arriver à bon port.
Le projet d’écologie pirate consiste à promouvoir la liberté de circuler comme revendication centrale, notamment dans le mouvement climat. Cela permettrait de reprendre de l’espace au système colonial-capitaliste, à commencer par la Méditerranée.
La clé, c’est la Méditerranée ! Celle qui pourrait unir et libérer, mais qui est utilisée à désunir et enfermer. La Méditerranée est maltraitée, mise, elle aussi, au travail pour faire le sale boulot : transporter les ressources des terres africaines vers l’Europe ; entraver la liberté de circuler des Africains, jauger leur utilité, les noyer si besoin ; et assurer la domination des Européens. La Méditerranée est occupée.
Comme une terre sous occupation coloniale doit être libérée, elle aussi doit l’être. Et si la Méditerranée devenait un espace autonome, comme les bateaux pirates ? On prendrait la mer et, une fois la mer libérée, elle n’appartiendrait plus à aucun État, à aucune puissance. Elle deviendrait un lieu d’inaliénabilité.
Elle ne serait plus le théâtre morbide où se joue la domination de l’Europe sur l’Afrique, mais l’espace où éprouver notre égale dignité humaine – quel beau retournement de situation ce serait ! La Méditerranée serait le théâtre du premier pas de l’internationalisme du point de vue des quartiers populaires d’Europe.
Et si la Méditerranée devenait un hypersujet, comme l’est désormais la Pachamama grâce aux luttes et savoirs autochtones des camarades de Bolivie ?
La Méditerranée libérée obtiendrait des droits inaliénables et sacrés.
La Méditerranée, symbole d’un combat commun pour l’égale dignité humaine, lieu de rencontre de toutes les résistances et mutineries, au Nord comme au Sud, contre la hogra en Europe où le mal est né, contre la hogra en Afrique où le mot est né parce que le mal a continué. La Méditerranée, lieu de partage entre les classes populaires d’Europe et d’Afrique, de leurs expériences locales, des techniques ancestrales, des savoirs scientifiques et technologiques, pour réellement résister aux ravages écologiques.
La Méditerranée, non plus cimetière, mais espace de liberté, de joie et d’entraide, où les enfants des deux rives qui rêveront de prendre la mer en pirates arriveront à bon port de l’autre côté, vivants.
Dans un contexte d’extrême droitisation et de fascisation du champ politique français et européen, un projet d’écologie politique et de décroissance qui ne place pas en son centre une ligne anticoloniale et antiraciste est voué à l’échec, tant le système qui détruit le vivant repose tout entier sur la sous-humanisation d’une partie de l’humanité. Mais surtout, un tel projet est dangereux car parfaitement compatible avec celui de l’extrême droite survivaliste et suprémaciste. Si l’on veut lutter réellement contre le désastre écologique et avoir une chance de gagner, il faut changer de cap…… et aller vers les Suds – le Sud de la Méditerranée et le Sud présent en Europe. La sortie du capitalisme écocidaire se gagnera grâce à une guerre de libération, une révolution dont le centre se situera certainement dans le Sud global. C’est de là que tout partira, à nouveau. Et en Europe, nous ferons notre part. Des luttes écologistes dans le prolongement, il faut l’espérer et surtout y travailler, des luttes de libération anticoloniale victorieuses des années 1940 aux années 1970.
Les enfants de l’immigration post-coloniale habitant les quartiers populaires de France et d’Europe doivent pouvoir s’ancrer en France et en Europe. Cet ancrage en France et en Europe, anciennes puissances coloniales, n’est pas une trahison. C’est au contraire une libération qui consiste à dire à ces enfants rêvant d’aventures et de prendre la mer : Vous êtes ici chez vous, libres de partir et libres de revenir.
Les quartiers populaires, c’est notre terre. Certes, ce n’est pas une terre très belle : elle a été abîmée, polluée, rendue dangereuse. Mais si elle a pu être ainsi maltraitée, c’est parce que nous sommes nous-mêmes maltraités. Sa libération passe par notre libération, notre libération passe par la sienne. On meurt de ne pas avoir de terre, de ne pas y être considérés comme chez nous. Cette terre meurt car ceux qui l’habitent ne sont pas considérés comme chez eux. Et pourtant c’est dans cette terre-là qu’il faut nous ancrer car c’est là que grandissent nos enfants et petits-enfants. C’est avec elle et à travers elle qu’il faut se définir politiquement.