Aujourd’hui, plus de 705 000 colons Israéliens habitent dans des colonies sur le territoire palestinien, illégalement occupé depuis 1967.
Alors que les colonies illégales constituent un crime de guerre, l’UE autorise le commerce avec elles. L’Initiative Citoyenne Européenne #StopAuCommerceAvecLesColonies demande une loi européenne qui mettra fin une fois pour toutes au commerce avec les colonies illégales. Les colonies ne sont pas seulement interdites par le droit international, elles rendent la vie impossible à des millions de Palestiniens et les dépossèdent de leur principal moyen d’existence : chaque hectare de terre d’une colonie est le plus souvent une terre dont une famille palestinienne a été désappropriée sous divers prétextes ; les routes qui relient les colonies entre elles et à Israël sont autant de barrages pour les Palestiniens qui y sont interdits; le réseau de check points entre les villages, à proximité des colonies et des grands carrefours, rend la circulation des personnes et des marchandises difficile sinon impossible. C’est la réalité quotidienne que nous dépeint l’agriculteur palestinien Farid Taamallah, dans la lettre ci-jointe. Michel Legrand et Gilles Lanners, Comité pour une Paix Juste au Proche Orient |
Je suis un agriculteur palestinien, je possède une ferme dans le village de Qira, qui est situé à 50 km au nord de la ville de Ramallah. Depuis mon enfance, je cultivais la terre avec ma mère, car nous en vivions exclusivement. De nombreux arbres qui se trouvent aujourd’hui dans la ferme ont été plantés par mon père et ma mère, tandis que d’autres ont été plantés par mes propres enfants, car nous passions les week-ends à travailler sur la terre et à profiter de ses bienfaits.
Ma ferme est plantée d’amandiers, de figuiers et d’oliviers, dont certains ont jusqu’à 700 ans. Nous en tirons des figues fraîches et séchées, des amandes et de l’huile d’olive. La saison dernière, nous avons produit trois tonnes d’huile d’olive à partir de notre ferme. Pendant les années d’occupation israélienne, ma ferme a été entourée de colonies israéliennes illégales, construites pour la plupart sur des terres privées appartenant à des Palestiniens, souvent transmises par des générations d’agriculteurs.
Mes concitoyens et moi-même souffrons de la présence de ces colonies et de l’agressivité des colons qui ont attaqué notre village à plusieurs reprises au cours des dernières années, la dernière fois en février 2022. Les colons ont attaqué les maisons des agriculteurs à la périphérie du village, ont brisé les vitres des maisons, endommagé les pneus des voitures et écrit des slogans racistes appelant à l’expulsion des Palestiniens des zones de « Judée et Samarie qui appartiennent aux Juifs », selon leurs dires.
Il en va de même pour tous les agriculteurs des villages adjacents au mien, comme Kufrifl Haris et Marda, dont les terres ont été volées afin de construire des colonies israéliennes. Les agriculteurs sont empêchés d’accéder à leurs terres adjacentes à la colonie. Nous souffrons également du vol de nos récoltes agricoles par les colons, notamment lors de la récolte des olives.
Nous souffrons d’une grande pénurie d’eau utilisée pour irriguer nos cultures agricoles, et cette pénurie d’eau n’est pas causée par la sécheresse ou la rareté de l’eau, mais plutôt par la distribution injuste de l’eau par les autorités israéliennes. L’eau est disponible pour les colons des colonies voisines 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, alors qu’elle n’arrive dans nos maisons et nos fermes qu’une fois par semaine. Outre le fait que les Israéliens volent notre eau souterraine, ils nous la vendent à des prix très élevés, ce qui fait peser une énorme charge financière sur les agriculteurs palestiniens, si bien que nous ne pouvons pas concurrencer les produits israéliens dans les colonies. Bien que les colonies illégales aient été construites sur nos terres confisquées, nous n’y avons pas accès, sauf pour les travailleurs munis de permis de travail spéciaux.
Deux systèmes juridiques différents sont appliqués par Israël dans la même zone géographique, favorisant les colons israéliens par rapport aux Palestiniens qui vivent à quelques centaines de mètres de là. En raison de l’expansion continue des colonies, j’ai peur de ne plus pouvoir entrer dans ma ferme et la cultiver comme avant. Elle pourrait finir par être annexée à une colonie israélienne, en vue du transfert de sa propriété à des colons israéliens.
D’autre part, nous rencontrons des difficultés pour exporter nos produits agricoles tels que l’huile d’olive en dehors de la Palestine, car la partie israélienne, qui contrôle les frontières et les passages, impose de grandes restrictions à l’exportation des produits agricoles palestiniens vers le monde extérieur, comme l’Europe. D’autre part, les fermiers colons israéliens qui produisent sur nos terres volées bénéficient de grandes facilités pour exporter leurs produits et trouvent un marché libre et attractif en Europe, ce qui les encourage à continuer à voler des terres et à étendre les colonies.
Nous espérons que l’Europe cessera d’importer les produits des colonies et promulguera des lois interdisant l’importation de ces produits. Cela revêt une grande dimension financière et morale pour nous et peut contribuer en partie à obtenir la justice qui nous a toujours été refusée.