L’année 1973 a marqué un tournant pour le mouvement tiers-mondiste. Le président démocratiquement élu du Chili, Salvador Allende, qui avait lancé avec sa coalition Unidad Popular un important programme de changement social dans son pays, a été tué lors d’un coup d’État militaire brutal orchestré par la CIA. Allende était rapidement devenu “une sorte de leader des pays non-alignés qui s’exprimait en faveur d’un nouvel ordre économique dans lequel les pays du Sud global ne seraient pas simplement le fournisseur de matières premières bon marché”, comme l’a récemment rappelé Richard Graf, co-président de l’ASTM. La crise pétrolière a également commencé cette année-là. C’est notamment sous l’effet de ces événements mondiaux qu’est né le brennpunkt. 50 ans plus tard, nous sommes à nouveau à la croisée des chemins : crise énergétique, inflation généralisée, pauvreté croissante, migration de masse, catastrophes climatiques, et instabilité sociale. L’esprit du brennpunkt reste non seulement pertinent aujourd’hui, mais pressant. Il en va de même pour l’appel à la solidarité et à la justice par le Tiers Monde (Sud global).
Le « dossier » traite de la colonialité de l’État-nation et s’interroge sur ses limites en termes de participation démocratique à des fins de justice et d’autodétermination. L’introduction du dossier est rédigée par Michaël Lucas.
La section « 6 questions à … », avec Jordanne Edwards, décrit la recherche autour du traumatisme dans un contexte sociopolitique tout en gardant à l’esprit la dangereuse normalisation des idées et des discours d’extrême droite en Europe.
La section « perspectives » commence par deux articles concernant le Luxembourg. D’une part, Raymond Klein s’interroge sur l’initiative visant à renforcer la coopération du Luxembourg avec le Rwanda en matière de finance durable dans le cadre du Kigali International Financial Centre (KIFC). D’autre part, Noelami Dubeta de Climate Alliance examine le processus des plans nationaux pour l’énergie et le climat (NECP) de l’Autriche, de l’Allemagne et du Luxembourg. Ensuite, et pour continuer avec des questions concernant la crise climatique, Dietmar Mirkes explique comment la technologie de l’élimination du dioxyde de carbone représente en grande partie une fausse solution. Ensuite, Diana Murcia passe en revue les droits de la nature tels qu’ils ont été pratiqués jusqu’à aujourd’hui (dans le cadre du Forum Intercontinental de l’ASTM) en mentionnant brièvement le référendum sans précédent en faveur du Parc national Yasuni en Équateur. Le dernier article d’Abdoul Aziz témoigne de la situation turbulente au Burkina Faso, en particulier ces deux dernières années.
Nous aimerions terminer cet éditorial en vous invitant à vous abonner au brennpunkt si vous ne l’êtes pas encore et à étendre l’invitation à vos amis. La conversation ne s’arrête pas au magazine, nous disposons d’un espace d’échange, le Parlez Brennpunkt. Notre dialogue aura lieu le 9 novembre 2023. Nous vous invitons à vous abonner, à partager votre point de vue et/ou à nous rejoindre en personne au Parlez Brennpunkt en nous écrivant à brennpunkt@astm.lu.