Ce numéro spécial du brennpunkt est consacré à la justice climatique, mais avant cela, définissons ce que la justice climatique vise à aborder : la crise climatique. Le Glossary For Climate Justice (plateforme latino-américaine et caribéenne pour le climat, juin 2022) la décrit comme suit :
« Le climat a toujours changé. Cependant, l’activité anthropogénique moderne, enracinée dans la consommation d’énergie basée sur les combustibles fossiles, a provoqué l’effondrement du système terrestre, entraînant des changements climatiques soudains, accélérés et imprévus dus au réchauffement de la planète.
Cette notion de crise (climatique) fait référence à l’insoutenabilité de la vie humaine et non humaine sur Terre en raison de l’organisation dominante patriarcale, raciste, anthropocentrique, androcentrique, spéciste et coloniale des structures sociales modernes, au détriment de la biodiversité, de l’eau, du sol et d’autres éléments de la nature. Ces dernières années, ce phénomène a accéléré et affecté les cycles écologiques, entraînant des changements dans les écosystèmes, parfois irréversibles.
Ces crises multiples et liées – économiques, sanitaires, politiques, de soins, parmi tant d’autres – renforcent la nécessité d’une approche de la vie qui réorganise, régénère, répare et guérit les liens entre l’humanité et la Nature afin d’enrayer l’effondrement. »
Aujourd’hui, de nombreux gouvernements et multinationales parlent régulièrement de leurs engagements (non contraignants et volontaires) pour faire face à la crise climatique. Néanmoins, ils n’abordent pas la dynamique et le système qui sous-tendent cette crise.
Ce numéro affirme que pour éviter l’effondrement de la vie telle que nous la connaissons, la justice (pour la vie – humaine et non humaine – qui est exploitée et disparaît) est essentielle. Nous commençons par des voix familières de l’ASTM – Isabel Pitz, Cédric Reichel et Michaël Lucas. Des personnes en première ligne du Sud global partagent leurs perspectives et initiatives : Amelia Lovo (peintre illustrant ce numéro hors-série), Fatima Ouassak, Edmundo Hoppe Oderich et Maria Rowena A. Buena.
Cher·ère lecteur·trice, les sentiments de détresse émotionnelle et existentielle dus à la crise climatique sont réels et tangibles. Ne les refoulons pas et essayons de reconnaître la perte et le deuil. Alors, avec humilité et un souci sincère d’action collective, apprenons le sens concret de la justice climatique.