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[ justice climatique | Klimagerechtigkeit | climate justice ]
Ce concept a été largement utilisé pour évoquer la responsabilité historique inégale des pays et des communautés dans la crise climatique. Il suggère que les pays, les industries, les entreprises et les personnes qui se sont enrichis en émettant de grandes quantités de gaz à effet de serre ont le devoir de soutenir les personnes touchées par le changement climatique, en particulier les pays et les communautés les plus vulnérables, qui sont souvent ceux qui ont le moins contribué à la crise.
Même au sein d’un même pays, les effets du changement climatique peuvent être ressentis de manière inégale en raison d’inégalités structurelles fondées sur la race, l’appartenance ethnique, le sexe et le statut socio- économique. Les enfants et les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas contribué à la crise climatique de manière significative, mais ils subiront de plein fouet les effets du changement climatique en grandissant.1
L’approche de la justice climatique montre que la crise climatique est inextricablement liée aux inégalités politiques, sociales et économiques dans le monde.
[ racisme environnemental | Umweltrassismus | environmental racism ]
Le racisme environnemental décrit l’exposition supérieure à la moyenne des communautés BIPoC (personnes noires, personnes autochtones et personnes de couleur) à la pollution de l’environnement.
Les conséquences du changement climatique renforcent les effets déjà existants du racisme environnemental, tant dans les pays du Sud global que dans ceux du Nord global. Prenons l’exemple des vagues de chaleur : dans les grandes villes comme New York et Chicago, le taux de mortalité des personnes noires lors de vagues de chaleur est deux fois plus élevé que celui des personnes blanches. En Allemagne également, les premières études montrent que les personnes issues de l’immigration sont exposées de manière disproportionnée aux vagues de chaleur.2
Concept traditionnellement utilisé au sein des organisations gouvernementales et de développement qui fait référence aux nations économiquement défavorisées telles que les anciennes nations colonisées d’Amérique latine et d’Afrique, mais aussi du Moyen-Orient, du Brésil, de certaines régions d’Asie et de l’Inde.
Dans le cadre de ce hors-série, nous nous référons à la définition géographiquement fluide utilisée par les universitaires et les activistes. Le Sud global fait référence aux peuples et aux espaces du monde entier qui sont affectés négativement par le capitalisme (néo) colonial et mondialisé. Cela inclut la création du Sud global (les populations) dans le Nord global géographique, et le développement du Nord global (les populations) dans le Sud global géographique. Cette notion rend compte d’une « géographie déterritorialisée des externalités du capitalisme et des moyens de rendre compte des peuples assujettis à l’intérieur des frontières des pays plus riches ». Il est important de noter qu’en dépit de la notion de fluidité géographique, les Suds globaux (populations) sont largement concentrés dans le Sud global géographique.
Au fur et à mesure que les Suds globaux se reconnaissent les uns les autres et considèrent leurs conditions communes, le Sud global acquiert une troisième signification, celle d’une communauté politique mondiale.3
[ Nord global | Globaler Norden | global North ]
Traditionnellement, cette notion fait référence aux nations riches et puissantes d’Europe occidentale, des États-Unis, du Canada et du Royaume-Uni, mais elle inclut également Singapour, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Pour les besoins du Brennpunkt, nous nous référons à une notion plus fluide géographiquement : les populations (derrière les nations, les entreprises et les institutions) qui possèdent et contrôlent les ressources, la richesse, le financement, les réseaux et/ou la prise de décision.
Il est important de reconnaître que le Nord global (peuples) est concentré dans le Nord global géographique.
Fausses solutions / Falsche Lösungen / False solutions
[ technosolutionnisme | Technologiegläubigkeit | solutionism ]
Le terme anglais solutionism désigne l’hypothèse selon laquelle il est possible de maîtriser la crise climatique exclusivement par des solutions techniques. L’optimisme qu’il véhicule est en contradiction avec la réalité des énormes émissions de gaz à effet de serre qui continuent d’augmenter dans le monde entier. Jusqu’à présent, les économies d’énergie rendues possibles par la technologie ont été « absorbées » par l’augmentation globale des besoins énergétiques, qui est bien plus importante. La technologie joue certes un rôle important dans la réduction des gaz à effet de serre, mais les solutions technologiques seules ne suffisent en aucun cas à respecter les objectifs climatiques de Paris. De plus, le solutionism ne tient pas compte des coûts invisibles des solutions technologiques pour l’environnement et les populations, en particulier dans les pays du Sud global.
De plus, certaines technologies sont encore loin d’être prêtes à être utilisées, comme par exemple les technologies de « géo-ingénierie » qui interviennent dans le système climatique par des moyens techniques. Leur faisabilité, leur efficacité ainsi que leurs risques sociaux, économiques et écologiques ne sont pas encore tout à fait connus. La confiance dans le fait que les technologies futures résoudront le problème climatique retarde aujourd’hui les mesures de politique climatique nécessaires et urgentes.
[ effet de rebond | Rebound-Effekt | rebound Effect ]
L’effet de rebond désigne le phénomène selon lequel, alors que l’on économise de l’énergie à un endroit grâce à une action plus durable ou à une technique plus efficace sur le plan énergétique, on consomme en même temps plus d’énergie à un autre endroit en raison d’une consommation accrue ou d’un changement de comportement.
Par exemple, quelqu’un achète une voiture moins gourmande en énergie et la conduit beaucoup plus souvent qu’avant, car elle consomme moins de carburant qu’avant. Ou encore, les coûts énergétiques économisés sont utilisés pour financer une consommation d’énergie supplémentaire : par exemple, après l’achat d’une voiture plus efficace, des économies de carburant sont réalisées et l’argent économisé est ensuite utilisé pour un voyage en avion. Les effets de rebond résultent d’économies financières ou d’une justification morale.
[ « croissance verte » | „Grünes Wachstum“ | “green Growth“ ]
Cette notion repose sur l’idée que la croissance économique peut avoir lieu sans consommation de ressources ni impacts sur l’environnement. Une croissance illimitée serait donc possible. Le récit de la « croissance verte » suggère ainsi que le mode de vie actuel, très gourmand en énergie, peut être poursuivi au Luxembourg et en Europe et qu’il est même compatible avec les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.
La « croissance verte » est un objectif hautement trompeur. Il n’existe aucune preuve empirique qu’un tel découplage complet entre la croissance économique et les nuisances environnementales puisse être atteint au niveau mondial. De plus, des études scientifiques montrent que même si un tel « découplage » était possible, il ne pourrait pas être atteint assez rapidement pour empêcher un réchauffement global de plus de 1,5°C ou 2°C.4 Dans la politique climatique, le terme peut faire partie de discours dilatoires et être utilisé pour le greenwashing. La promesse d’une « croissance verte » détourne l’attention du fait que la crise climatique nécessite d’urgence des changements systémiques à l’échelle de l’économie.
[ « compensation carbone » | „Klimakompensation” | “carbon offsetting” ]
La compensation carbone désigne l’idée selon laquelle les entreprises, les pays et même les individus peuvent compenser les émissions qu’ils génèrent. Cela doit se faire par le biais de projets qui permettent d’économiser
des émissions ou de les retirer de l’atmosphère, par exemple par le biais de projets de protection des forêts ou de reforestation. Dans la réalité, une grande partie des projets de compensation carbone sont toutefois inefficaces car ils n’économisent pratiquement pas de CO2 et ne contribuent donc pas à la lutte contre le réchauffement climatique.5
Au contraire, la compensation carbone masque la responsabilité climatique des entreprises et des pays du Nord global et leur permet de continuer à libérer d’énormes émissions au lieu de mettre en œuvre une politique climatique réellement efficace en réduisant directement les gaz à effet de serre. Pourtant, les projets de compensation carbone continuent d’être présentés comme une source de financement pour le Sud global.
[ colonialisme carbone | Kohlenstoffkolonialismus | carbon colonialism ]
Terme parfois utilisé en référence à l’« externalisation » par les pays riches de leur responsabilité en matière de réduction des émissions au profit des pays en développement par le biais de la compensation des émissions de carbone.6
[ « neutre en carbone » | „Klimaneutral“ | “carbon neutral“ ]
« Vol neutre en carbone », « café neutre en CO2 » et bouillie pour bébé « avec une empreinte carbone
neutre » – un tel label ne signifie pas qu’aucune émission n’a été libérée lors de la fabrication du produit. Mais seulement que l’entreprise met en avant qu’elle compense les émissions par des projets de compensation.
Les associations de protection de l’environnement et des consommateurs critiquent les « labels climatiques » comme étant une tromperie du consommateur et un moyen de faire du greenwashing en raison de l’inefficacité de la plupart des projets de compensation carbone (voir « compensation carbone » dans le glossaire).
Notes:
1 Programme des Nations unies pour le développement, Le changement climatique est une question de justice – voici pourquoi, 10 juillet 2023, https://climatepromise.undp.org/fr/news-and-stories/le-changement-climatique-est-une-question-de-justice-voici-pourquoi (consulté le 15 novembre 2023).
2 Ituen, I., Tatu Hey, L., « Der Elefant im Raum, Umweltrassismus in Deutschland. Studien, Leerstellen und ihre Relevanz für Umwelt- und Klimagerechtigkeit », Heinrich Böll-Stiftung, novembre 2021.
3 Mahler, A. G., « Global South. », Oxford Bibliographies in Literary and Critical Theory, édité par O’Brien E., Oxford University Press, New York, 2017.
4 Hickel, J., Kallis, G., « Is Green Growth Possible? », New Political Economy, volume 25, edition 4, 17 avril 2019, pp. 469-486, https://www. tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13563467.2019.1598964 (consulté le 15 novembre 2023). et Parrique, T., Barth, J., Briens, F., Kerschner, C., Kraus-Polk, A., Kuokkanen, A., & Spangenberg, J. H., « Decoupling Debunked: Evidence and arguments against green growth as a sole strategy for sustainability », European Environmental Bureau, 8 juillet 2019, https://eeb.org/library/decoupling-debunked/ (consulté le 15 novembre 2023).
5 Voir à ce sujet, entre autres :
Lakhani, N., « Revealed: top carbon offset projects may not cut planet-heating emissions », The Guardian, 19 septembre 2023, https:// www.theguardian.com/environment/2023/sep/19/do-carbon-credit-reduce-emissions-greenhouse-gases (consulté le 15 novembre 2023). Greenfield, P., « Revealed: More than 90% of rainforest carbon offsets by biggest certifier are worthless, analysis shows », The Guardian, 18 janvier 2023, https://www.theguardian.com/environment/2023/jan/18/revealed-forest-carbon-offsets-biggest-provider-worthless-ver- ra-aoe (consulté le 15 novembre 2023).
6 Dunne, D., Gabbatiss, J., « Glossary: Carbon Brief’s guide to the terminology of carbon offsets », Carbon Brief, 25 septembre 2023, https://interactive.carbonbrief.org/carbon-offsets-2023/glossary.html (consulté le 15 novembre 2023).