Gabriela Caceres – Équateur, 3-13 octobre : Manifestations citoyennes massives. Chili, 18 octobre à ce jour (fin décembre) : manifestations citoyennes massives. Bolivie, du 21 octobre à fin novembre 2019 : manifestations citoyennes massives. Des flots d’encre ont coulé, qui analysent ces épisodes et tentent de comprendre ce qui s’est passé au cours du dernier trimestre de l’année en Amérique du Sud. Au-delà des particularités de chaque pays, la simultanéité des protestations interpelle et de nombreux observateurs y ont vu un point commun : la crise du fonctionnement actuel du capitalisme. Mais ce réveil citoyen, qui a pris beaucoup de gens par surprise, est-il vraiment si inattendu, peut-on sérieusement affirmer qu’il n’y a pas eu d’avertissement préalable, qu’il n’y a pas eu de signes avant coureurs ?
Les faits
Équateur
Le 3 octobre, après l’adoption du décret 883 visant à libéraliser le prix du carburant, le gouvernement de Lenín Moreno s’est heurté à la ferme opposition du peuple équatorien, menée par des étudiants et des organisations autochtones. Le décret de la discorde faisait partie d’une série d’obligations imposées par le FMI dans un accord signé en mars 2019, en vertu duquel le Fonds a octroyé des prêts pour plusieurs millions de dollars en échange de mesures politiques classiques du carnet de recettes néolibéral. La hausse des prix de l’essence et du diesel s’est accompagnée de la flexibilisation des contrats de travail et de l’exonération millionnaire de taxes pour les hommes d’affaires et les banquiers.
La réponse de la population a été immédiate et énergique et a suscité la solidarité et le soutien de milliers d’Équatoriens qui n’ont pas hésité à nourrir, financer et soutenir moralement les manifestants. Le gouvernement a réagi par une forte répression, la limitation des libertés (en déclarant un état de siège et un couvre-feu), la militarisation de l’espace public et la criminalisation de la protestation. Toutes ces mesures n’ont fait qu’attiser la violence qui a secoué le pays pendant 10 jours. Bien que des mesures économiques similaires aient été répudiées dans le passé, le gouvernement n’avait jamais déclenché une répression d’une telle ampleur, menant ainsi le pays à une confrontation inégale entre militaires et civils.
Selon les chiffres des Nations Unies et comme résultat de l’explosion sociale au moins 9 morts, 1 507 blessés et quelques 1 382 détenu·e·s. sont à déplorer. Selon les données gouvernementales, plus de 400 policiers et militaires ont été appréhendés contre leur gré et, dans plusieurs cas, ont été victimes de harcèlement et de mauvais traitements. Pour sa part, la société civile fait état de plus de 100 agressions contre des journalistes par les forces de sécurité et les manifestants. Les organisations des droits humains ont reçu de nombreux rapports faisant état de détenu·e·s soumis·e·s à des traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Grâce à la pression sociale, le décret 883 a été abrogé et le gouvernement s’est engagé dans un dialogue avec la Confédération des nationalités autochtones de l’Équateur (CONAIE). Cependant, depuis le 14 octobre, ce processus s’est accompagné d’un harcèlement renforcé contre les voix dissidentes, qu’il s’agisse des autorités élues des partis d’opposition (en particulier des personnalités publiques du « correísmo ») ou des dirigeants des différents mouvements sociaux. Bien que le gouvernement de Rafael Correa ait déjà soumis la société civile à d’importantes persécutions, le harcèlement actuel semble aller beaucoup plus loin. Dans ce contexte, plusieurs auteurs se demandent ce qu’il en reste de l’État de droit en Équateur.
Chili
Le 7 octobre, de jeunes Chilien·ne·s ont décidé d’ignorer l’annonce faite trois jours plus tôt par le gouvernement au sujet de l’augmentation du tarif du métro. Cette mesure s’inscrivait dans un cycle généralisé de hausse des tarifs et fut la goutte qui a fait déborder le vase. Fort de plusieurs années de protestations et las de ne pas trouver de réponse à leurs demandes, les étudiant·e·s chilien·ne·s n’ont pas hésité à s’opposer à ce qu’ils ont ressenti comme un nouvel abus d’un système qui privilégie en permanence quelqu’un d’autre. En quelques jours, l’action d’évasion dans le métro a été imitée à grande échelle et la protestation a gagné en intensité alors qu’elle tentait d’être contenue par des agents privés et la police. Des dizaines de stations de métro ont été attaquées et détruites, tandis que les protestations se répandaient dans le reste de la capitale. Parallèlement, des barricades, des incendies et des pillages ont été enregistrés dans différentes villes du pays. Le gouvernement déclara l’état d’urgence et le couvre-feu dans les principales villes, des mesures exceptionnelles qui seraient en vigueur un peu plus d’une semaine et qui ont été défiées par des citoyens qui veulent battre les pavés, en arrivant à rassembler 2 millions de personnes dans la capitale et 500.000 dans d’autres villes, le 25 octobre.
Bien que la protestation sociale soit fondamentalement hétérogène et ait concentré de multiples revendications, peu à peu la formulation d’une nouvelle Constitution est apparue comme un besoin central, devant permettre au pays d’avoir un nouveau pacte social. Les citoyen·ne·s n’ont pas attendu les politiques et des assemblées de discussion ont commencé à avoir lieu en forme spontanée. Cet effort a même été soutenu par un groupe de municipalités qui ont donné un caractère institutionnel à l’exercice en organisant des référendums constitutionnels dans leurs communes. Le 15 novembre, différents secteurs politiques ont signé un accord pour l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Mais les manifestations ont persisté , soutenues par une profonde méfiance envers le système politique. Après le 25 octobre, la rue semblait avoir ôté le pouvoir à l’État, provoquant ce que l’on pourrait appeler un « coup d’État citoyen ».
Outre la participation massive des citoyen·ne·s, le processus a été marqué par l’action répressive brutale des forces de police qui ont fait fi des protocoles et normes internationaux en ignorant les principes fondamentaux de nécessité, proportionnalité, précaution, non-discrimination et responsabilité.
La protestation citoyenne a permis d’obtenir l’annulation de la hausse des tarifs et, en même temps, d’ouvrir une véritable boîte de Pandore dans un pays qui était jusqu’alors le paradigme mondial du néolibéralisme. L’intensité de ces événements et la gravité de la répression ont valu la visite des quatre principales organisations de défense des droits de l’homme dans le monde : Amnesty International, Human Rights Watch, CIDH, HCDH. Dans son rapport officiel, le Haut Commissariat des Nations Unies dénonce 26 morts, 113 cas de torture et 24 cas de violence sexuelle. Il signale également au moins 4 093 blessés, dont 350 ont des lésions oculaires, 2 d’entre eux ayant complètement perdu la vue.
Les observateurs s’entendent pour dire qu’il est presque impossible de revenir au point de départ. La résolution de la crise chilienne nécessitera de nouveaux concepts et même une nouvelle symbologie et un nouveau langage politique.
Bolivie
Le 20 octobre 2019, des élections générales ont eu lieu en Bolivie pour renouveler les postes de président, de vice-président et de parlementaires. Le résultat officiel, qui a donné comme vainqueur le président sortant, Evo Morales, a déclenché une vague de manifestations contre un processus électoral perçu comme peu transparent et même illégitime, puisque la candidature de Morales avait été rejetée lors d’un plébiscite populaire en 2016. En quelques jours seulement, les manifestations se sont intensifiées et ont conduit à une grève générale dans les principales villes du pays. Dans les jours qui ont suivi, le pays a connu une escalade de la violence et du chaos : la » suggestion » de démission faite au Président par le chef d’état-major des forces armées, l’émeute de la police, la démission et l’asile d’Evo Morales et des principales autorités politiques parlementaires de son parti, des affrontements graves entre civils, une forte répression marquée par une série d’opérations militaires et policières, ainsi que des pillages, des incendies, des blocages d’aéroports et de routes et des attaques contre diverses installations publiques[1]. Tout cela se mélange à l’intervention de différents acteurs politiques et sociaux, allant d’éminents militants du MAS, à des oligarques d’extrême droite, des groupes religieux fondamentalistes liés aux églises évangéliques, et aussi des organisations sociales, tant indigènes que féministes, des organisations environnementales et des droits de l’homme. Cette participation large et multisectorielle est le principal facteur de la complexité de la crise sociopolitique actuelle. Un nouveau gouvernement – en principe provisoire – s’est autoproclamé le 12 novembre avec l’appui de la Cour constitutionnelle et, malgré les restrictions imposées par la loi, il a promulgué des décrets qui dégagent de leur responsabilité pénale les membres des Forces armées qui ont participé à des actes de répression. Bien que cette mesure ait été abrogée le 27 novembre, elle constitue un signal négatif en ce qui concerne l’État de droit et les droits de l’homme.
Le soulèvement populaire s’est apaisé après un accord politique sur la convocation de nouvelles élections (bien que sans date précise) et le retrait des forces armées de la rue. Le rapport de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) fait état de deux massacres, d’au moins 36 personnes tuées, d’un nombre indéterminé de personnes blessées (plus de 800) et d’au moins 50 attaques contre des journalistes. La Commission souligne que les affrontements violents entre particuliers ont été un élément constant des manifestations et que le contexte de violence généralisée a été caractérisé par « la polarisation, l’hostilité et la haine dans les relations sociales, fondées sur la discrimination, l’intolérance et le racisme ».
Les signaux
Selon ce qui précède, on peut observer trois types de mobilisation : en Bolivie, la protestation vise un dirigeant ; en Équateur, les revendications cherchent à contrer un ensemble de mesures économiques ; et au Chili, la rébellion dépasse les revendications et les dirigeants et demande une refondation du modèle du pays. Dans les trois cas, les citoyens tentent de briser la bulle impénétrable des élites, mais surtout de récupérer le pouvoir dont ils ont étét dépossédés. Il est remarquable d’observer la présence et le leadership des jeunes défendant les conditions d’un avenir possible à travers ces luttes. Il faut souligner également la participation des jeunes femmes, qui ont su exprimer des problèmes essentiels de manière universelle, en franchissant non seulement les frontières géographiques, mais aussi idéologiques, en interpellant le monde politique par leur discours de manière transversale et en faisant des problèmes » de femmes « , des problématiques sociales dans leur dimension la plus large.
Bien que les soulèvements citoyens aient été soudains et se soient étendus très rapidement, dans les trois cas, il y avait des signes qui montraient les dysfonctionnements du système et le malaise accumulé. Des signes qui, d’une certaine façon, ont anticipé les éclosions (mais pas leur forme ni leur puissance).
DÉTÉRIORATION DE LA DÉMOCRATIE : Comme le souligne depuis plusieurs années le Centre d’études Latinobarómetro, on observe dans la région un déclin soutenu des indicateurs de démocratie. Pas plus tard qu’en 2018, l’année a été qualifiée d' »annus horribilis » dans ce domaine: la perception de recul a été la plus élevée depuis 1995. « Le problème dans la région n’est pas principalement les pays qui sont sortis de la catégorie « démocratie » parce qu’ils ne répondent plus aux critères de la démocratie. Le problème de la région, ce sont les pays qui ont des problèmes dans le fonctionnement de leurs démocraties et qui risquent fort de quitter cette catégorie. » [2] Les élites et la corruption sont au cœur de ces problèmes. Le désir de rester au pouvoir, les leaders autoritaires, le confinement du pouvoir dans une tour d’ivoire, la dissociation de la base citoyenne, l’absence de partis forts capables de renouveler les dirigeants, sont des phénomènes qui illustrent le problème. A côté, une élite insouciante qui a normalisé les pratiques abusives et a corrompu les politiciens de tout le spectre pour s’approprier les ressources du pays, polluant le processus d’extraction sans tenir compte des conséquences sur l’environnement ou la santé. A cela s’ajoutent des pouvoirs judiciaires qui semblent avoir perdu leur impartialité, ce qui finit par détruire les conditions de base de la paix sociale.
Les signes importants de la détérioration de la démocratie ont été, pour n’en citer que quelques-uns, l’abstention électorale élevée et croissante au Chili (qui montre la perte du sens du vote comme outil légitime de participation), la candidature d’Evo Morales pour les élections d’octobre (ignorant l’opinion populaire exprimée dans le plébiscite qu’il avait organisé) ou l’oppression à laquelle la société civile a été soumise en Équateur. Ces dernières années, des acteurs nombreux et divers ont dénoncé ces signes et d’autres symptômes évidents qui auraient dû faire l’objet d’une plus grande attention.
INÉGALITÉ ET PAUVRETÉ : D’un point de vue économique, l’Amérique latine se distingue par le fait que c’est le continent le plus inégalitaire du monde : les 10 % les plus riches de la population concentrent 71 % des richesses. Seuls 2 des 10 pays les plus inégaux de la planète ne sont pas latino-américains. L’inégalité et l’exclusion nourrissent le sentiment d’injustice et d’abus et la conception générale du modèle économique laisse les populations exposées à une précarité permanente. Au Chili, par exemple, pays aux performances macro-économiques » exemplaires » selon la doxa néo-libérale, 60% de la population se déclarent appartenant à la classe inférieure : leurs revenus ne leur permettent pas de joindre les deux bouts et ils survivent dans un cycle permanent d’endettement. D’autre part, et malgré les avancées sociales des dernières décennies, les gouvernements progressistes n’ont pas réussi non plus à combattre les problèmes structurels du continent. Les programmes de redistribution ont certes atténué la pauvreté, mais, sans avoir réussi à renverser les fondements du modèle, ils n’ont pas pu stabiliser les améliorations apportées à la qualité de vie. La capacité des projets politiques progressistes à générer ou à encourager des transformations structurelles semble épuisée. Les politiques de » croissance avec inclusion sociale » appliquées tant en Équateur qu’en Bolivie ont fini par encourager l’intensification de l’extractivisme et par provoquer la réprimarisation ? des économies. Tout ce qui précède a été dénoncé à maintes reprises par différents acteurs.
DÉCONNEXION POLITIQUE : Dans ce cadre, et de manière persistante, les gouvernements ont rompu le lien avec les sociétés qu’ils dirigent, appauvrissant (voire détruisant) la relation avec la société civile, ignorant les demandes sociales, réduisant l’espace de participation et, lorsque tout cela n’a pas été suffisant, ayant recours à des politiques directement répressives. Dans le cas des gouvernements progressistes, l’option politique pour un modèle redistributif (qui a abandonné sa vocation de transformation) a également provoqué une fracture avec ce qui était autrefois leur base intellectuelle et sociale. Les crises/conflits successifs entre les gouvernements et les mouvements sociaux en sont la preuve, tant en Équateur qu’en Bolivie. Le harcèlement de la société civile critique a été une constante dans les deux pays, en particulier dans le domaine des questions liées à la défense du territoire et des droits environnementaux. A son tour, la violation systématique de l’autonomie des peuples autochtones, au profit des intérêts des grandes compagnies minières et pétrolières, a contribué à fracturer la relation avec les organisations autochtones et a entravé, ce faisant, la possibilité de construire de nouveaux paradigmes de développement, ce qui était l’une des promesses fondamentales des nouvelles Constitutions politiques des deux pays. Dans le cas du Chili, les revendications populaires en faveur de l’éducation publique, d’un système de retraite plus équitable ou de la défense des biens naturels ont été reléguées à plusieurs reprises au rang de promesses (dans le meilleur des cas) de la part de dirigeants qui ont fait preuve d’un manque flagrant d’empathie et de sensibilité aux questions sociales.[3]
NÉOFASCISME OU MENACE DU POPULISME : Cette déconnexion des secteurs dirigeants se produit également dans un contexte de logique méritocratique qui favorise un individualisme marqué et installe des dynamiques de » tous contre tous « . Le fascisme social, symptomatique de la crise de civilisation que nous vivons, progresse constamment, marqué par un fort processus de déshumanisation, dans lequel les écarts d’in/humanité entre les classes, les sexes, les groupes ethniques et religieux sont de plus en plus marqués et violents. La disparition des liens sociaux (et notamment des liens de rattachement à l’État) est l’une des conséquences de ce phénomène. Le cas du Chili est emblématique à cet égard : la destruction d’infrastructures publiques qui symbolisaient le » développement » (comme le Métro de Santiago ou les péages routiers) ou la démolition de monuments historiques, sont une manifestation très concrète de ce que certains analystes ont appelé » l’anomie » sociale. C’est le terrain le plus fertile pour les chefs de guerre (caudillos) autoritaires. Les exemples de ce phénomène ne manquent malheureusement pas, tant dans les Amériques qu’au-delà.
Un autre futur… est-il possible ?
En ce début de XXIe siècle, la population du continent semble ne plus vouloir supporter les inégalités. Dans différents secteurs, il y a une grande diversité de mouvements qui établissentt un nouvel agenda politique plein de nouveautés et porteur de transformations, un nouvel imaginaire basé sur la conviction de la crise terminale de ce modèle de développement. Ce sont des propositions qui abandonnent l’idée d’une croissance économique permanente comme condition du développement, en dessinant un horizon post-extractif, en promouvant la biodiversité et la reproduction de la vie, en revalorisant d’autres économies et d’autres notions du travail humain. Ce sont des modèles qui redéfinissent en profondeur les leaderships politiques et cherchent à surmonter les écarts sociaux actuels.
La crise actuelle ne sera pas résolue par plus de répression ou d’autoritarisme, même si la route semble être tracée et que la population est parfois tentée par ces options. La crise actuelle sera résolue avec plus de politique et plus de démocratie. Il sera essentiel de reconstruire les liens sociaux et de réaffirmer les canaux institutionnels et symboliques qui les soutiennent, tels que le vote, les garanties sociales, les biens communs et la participation des citoyens. Les élites doivent céder une partie de leur pouvoir et la classe politique doit s’exprimer dans des leaderships plus démocratiques, plus empathiques et moins autoritaires.
Il sera également essentiel de repenser le modèle économique de haut en bas et d’assumer que le marché a échoué en tant que fournisseur de biens publics. Les moyennes macroéconomiques ne peuvent plus continuer à être l’étalon de mesure des performances socio-économiques des pays, car nous savons tous que derrière elles se cachent des conséquences sociales et environnementales qui en sont venues à hypothéquer l’avenir de la planète. Sans un démantèlement des inégalités, la richesse ne peut plus se justifier. Sans une économie qui n’intègre pas les besoins des écosystèmes comme objectif central, il ne sera pas possible de continuer à générer des richesses.
En cours de route, il sera important de résister aux tentatives actuelles de percer davantage le plancher des droits et garanties existants (même si nous sommes conscients de son extrême insuffisance) et d’affaiblir les systèmes internationaux des droits de l’homme, car ils sont la plus haute expression collective des valeurs que nous considérons indispensables pour une vie digne.
Enfin, ce qui est décrit dans ces lignes ne se limite pas aux trois pays mentionnés : pratiquement tout le continent connaît des processus similaires. Et, au-delà de cela, ces phénomènes se répètent également en Europe et dans d’autres régions. Analyser ces expériences et en tirer des leçons est la meilleure chose que nous puissions faire pour le moment.
[1] Une chronologie complète des faits entre le 20 et le 29 octobre dans: www.cedib.org
[2] Marta Lagos. « El fin de la tercera ola de democracias ». http://www.latinobarometro.org/lat.jsp
[3] Dans les premiers jours de l’éclatement social au Chili, un ministre s’est permis de conseiller à la population de se lever plus tôt pour bénéficier du tarif différencié dans le métro. Ce ministre ne savait probablement pas que les gens se lèvent à 5 heures du matin, voyagent pendant deux heures dans des transports en commun surchargés et arrivent au travail où les patrons gagnant 20 ou 30 fois leur salaire les attendent.