Interview avec Corinne Morel Darleux, militante écosocialiste. Introduction et interview par Michaël Lucas –
Introduction.
Les instituts spécialisés publient chaque année un état de la démocratie dans le monde. Les cartes géographiques qui accompagnent ces bilans annuels signifient sans ambiguïté de quelle démocratie il est traité, la démocratie libérale, et d’où l’observation est faite, le monde occidental. L’évaluation des gouvernements nationaux à l’aune de standards démocratiques communément admis ne dispense pas d’un examen critique des “bons élèves”, ni d’une interrogation sur l’universalité du modèle occidental. Complémentairement, questionner les régimes occidentaux sur leurs performances démocratiques ne doit pas être interprété comme une complaisance à l’égard de régimes autoritaires ou dictatoriaux non occidentaux.
Mais enfin, la démocratie libérale est bel et bien en question. La baisse continue de l’indice de confiance dont bénéficient les hommes et femmes politiques dans nos contrées en est une manifestation évidente. Si, comme le relève Pierre Rosanvallon, l’idéal démocratique repose sur deux idées, celle de la réalisation d’une société des égaux et celle de la possibilité d’un pouvoir non dominateur, alors, nous sommes loin du compte. La suprématie absolue et définitive de la démocratie libérale, annoncée par Francis Fukuyama (La Fin de l’Histoire), fait sourire, 30 ans après.
Puissances impuissantes
Les Etats dits modernes sont impuissants face aux forces économiques qui dictent les détails de nos vies, creusent les inégalités et imposent la dévastation écologique (Jean-Claude Monod, L’art de ne pas être trop gouverné). Le principal pouvoir dominateur n’est plus l’Etat, dont voulaient se protéger au 18e siècle les libéraux politiques, mais les multinationales et les milliardaires dont les fortunes dépassent aujourd’hui les richesses de nombreux pays. La démocratie libérale n’oppose pas de résistance à l’emprise grandissante des puissances économiques. Hervé Kempf (L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie) va plus loin, en posant que ces démocraties sont désormais des oligarchies, régimes dirigés, de fait, par et au profit de groupes restreints de décideurs économiques, politiques et étatiques.
Une récente étude largement documentée (Marlène Benquet et Théo Bourgeron, La finance autoritaire) démontre comment le vote du Brexit, l’élection de Trump en 2016 et celle de Bolsonaro en 2018 ont été, au-delà des manipulations électorales, le résultat de facteurs structurels relevant de mutations économiques à l’oeuvre dans ces pays, à savoir le passage d’une financiarisation néo-libérale à une financiarisation libertarienne. Le Brexit, bien que combattu par les institutions néo-libérales (banques, assureurs, bourse), a triomphé dans les urnes et surtout dans les faits parce que tel était le voeux et la stratégie des partisans d’une dérégulation avancée de la finance, patrons de hedge funds et investisseurs spéculatifs. Cette nouvelle domination économique, qui s’exprime au travers des rouages électifs et des mécanismes décisionnels complexes de la démocratie libérale, va de pair avec un renforcement de l’appareil répressif de l’Etat, les libertés économiques prenant le pas sur les droits civils et politiques.
La participation citoyenne au chevet de la démocratie libérale
A cette démocratie libérale mal en point sont adossés depuis quelques décennies des processus participatifs. La réappropriation du pouvoir par le peuple passerait par une participation citoyenne complémentaire à la représentation. Mais l’idée n’est pas neuve; les dispositifs expérimentés depuis les années 70 sont sans résultats probants sur l’état de santé de notre démocratie libérale. Sans nier l’authenticité d’initiatives locales, nous constatons la fragilité intrinsèque des dynamiques d’implication citoyenne, en particulier lorsqu’elles opèrent aux niveaux de pouvoir où s’arbitrent les enjeux économiques. La convention citoyenne pour le climat en France en offre la plus récente illustration. Toutefois, pour Francis Dupuis-Déry (Démocratie, histoire politique d’un mot), ce n’est pas que l’élection serait imparfaite et qu’il conviendrait de l’enrichir de palliatifs participatifs; elle est, en soi, incompatible avec l’idéal démocratique en ce qu’elle présuppose l’inégalité entre citoyen.ne.s.
Un autre paradigme démocratique
Ces constats amènent à penser un autre paradigme démocratique, celui de la démocratie directe, de base, de la représentation inclusive (Samuel Hayat, La représentation inclusive). La commémoration du 150e anniversaire de la Commune de Paris nous permet de porter un regard sur ce que fut cette révolution sociale éphémère ainsi que sur la façon dont l’idéal démocratique y fut éprouvé: comment organiser la représentation? Comment contrôler les élus, les fonctionnaires, les policiers? Comment libérer les travailleurs et (un peu) les travailleuses du joug du capital pour leur permettre de participer à la vie de la cité? Comment concilier l’impératif de délibération avec l’exigence d’efficacité? (Ludivine Bantigny, La Commune au présent). Ecrasée dans le sang, la Commune survit néanmoins comme référence historique aux mouvements qui se réclament de la démocratie de base.
Si nous levons les yeux pour faire un tour d’horizon à la recherche d’expériences contemporaines de démocratie de base, nous apercevons, parmi d’autres, le Chiapas et le Rojava. Nous avons décidé d’éclairer ici la situation du Rojava, en compagnie de Corinne Morel Darleux. Il ne s’agit pas d’ériger cette révolution en modèle mais d’essayer de la saisir comme expérience émancipatrice, de comprendre comment, en quoi et jusqu’où les énergies qu’elle génère contribuent à la poursuite de l’idéal démocratique.
Le Rojava: quelques repères
Le Rojava est la partie syrienne du Kurdistan, foyer historique des Kurdes (44 millions) s’étendant sur un territoire de plus 503.000 km2, dans le périmètre duquel se situent également les régions de Bakur en Turquie, Başûr en Iraq et Rojhellatî en Iran.
Le Rojava peut se confondre avec la Fédération démocratique du Nord de la Syrie, région autoproclamée indépendante en 2013 qui recouvre un territoire plus vaste abritant plus de 5 millions d’habitants (kurdes, arabes, assyriens, syriaques, etc.).
Le Parti de l’Union Démocrate (PYD), héritier syrien du Parti des travaileurs du Kurdistan (PKK), est la force politique dominante dans la région, grâce notamment à l’efficacité de son organisation militaire incarnée par les « unités de protections du peuple kurde » (YPG et YPJ, unités exclusivement féminines) qui ont largement contribué à la défaite de Daesh dans le Nord de la Syrie.
Abdulah Öcalan, leader historique des kurdes de Turquie, emprisonné depuis 1999, bénéficie d’une importante aura au Rojava. Son marxisme-léninisme initial et la lutte de libération nationale du PKK ont fait place au « communalisme », doctrine de démocratie radicale, écologiste, anticapitaliste, fondée sur la coexistence des cultures et la libération des femmes. Murray Bookchin, penseur libertaire étatsunien décédé en 2006, est présenté comme l’un des inspirateurs de cette organisation sociale inédite au Proche Orient.
Alors qu’elle est en gestation, en évolution constante et menacée chaque jour par Damas, Ankara et Daech, l’expérience révolutionnaire du Rojava fait l’objet d’une littérature et d’une vidéographie abondantes, de soutien ou de mise en garde. Le sujet ne laisse pas indifférent!
Interview
Corinne Morel Darleux est militante écosocialiste, élue au Conseil régional Auvergne Rhône-Alpes, auteure notamment de l’essai de philosophie politique Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, publié aux éditions Libertalia en juin 2019. Elle a également participé à l’ouvrage collectif Nous vous écrivons depuis la révolution. Récits de femmes internationalistes au ROJAVA publié chez Syllepse en 2021. |
Corinne Morel Darleux, vous vous êtes beaucoup intéressée au Rojava ; vous avez visité la région. Pourquoi cet intérêt et cet engagement ?
Je me suis rendue au Rojava à deux reprises, au printemps 2018 et à l’été 2019. Mais mon premier contact avec la culture et la réalité kurde a eu lieu en Turquie à Diyarbakir, en mars 2016, à l’occasion de la fête du printemps (Newroz). Le HDP, parti progressiste turque qui défend la cause des kurdes, avait fait appel à des organisations politiques pour venir les soutenir et faire « bouclier » humain et politique. J’avais accepté l’invitation, par solidarité internationaliste et intérêt pour la cause. Ensuite, comme c’est arrivé à beaucoup d’autres personnes, quand on commence à s’intéresser à la question kurde, on a du mal à ne pas se faire happer, parce que c’est un pan de l’histoire et de notre présent extrêmement important, politiquement parlant, et extrêmement attachant, humainement parlant. Je suis alors retournée à plusieurs reprises en Turquie auprès des populations kurdes de l’Est du pays, pour l’observation de procès politiques notamment. Puis c’est devenu plus compliqué parce que le pouvoir d’Erdogan ne voyait pas d’un bon œil ma présence sur place.
C’est là que j’ai commencé à m’intéresser de plus près au Rojava, qui est une sorte d’anomalie internationale. Un territoire de 5 à 6 millions de personnes qui s’est déclaré de facto autonome en 2013 et s’organise d’une manière inédite, surtout à cette échelle-là, tout en faisant face à des tensions et affrontements armés qui n’en finissent pas avec le régime de Bachar el-Assad, Daesh et désormais l’armée turque. Et malgré tout ça, ils arrivent à mettre en place une expérience révolutionnaire ! Cela en fait un sujet politique extraordinaire.
Votre perception du Rojava n’est-elle pas biaisée par l’éclairage officiel des responsables kurdes qui vous ont accueillie ?
Je ne prétends pas être experte de tout ce qui touche au Rojava, loin de là. J’essaye, dans la mesure du possible, de témoigner de ce que j’ai observé de manière directe et de ne pas trop faire d’hypothèses sur ce que je n’ai pas pu vérifier. J’ai eu bien sûr toute une série de rencontres officielles qui sont des moments formels, des passages obligés qui ne sont pas toujours les plus intéressants, mais je les assume de bonne grâce, du fait de leur portée politique et symbolique.
Mais au-delà de ces rencontres officielles, je me suis déplacée librement dans toute la zone. Je me suis retrouvée à dormir, à l’improviste, chez l’habitant, me suis promenée dans Kobane, ai pu visiter école, bibliothèque, orphelinat, hôpital, camps de déplacés. J’ai eu beaucoup de discussions directes avec des personnes qui n’étaient pas dans les structures administratives ou politiques et j’ai toujours pu m’exprimer très ouvertement avec elles.
Enfin, il y a aussi tout ce qui se passe en dehors des voyages. J’ai rendu compte à chaque fois de mes expériences sur place. Cela a amené à des restitutions, des réunions publiques, des échanges avec d’autres personnes qui s’étaient rendues là-bas, notamment des bénévoles internationalistes, comme mes co-autrices de l’ouvrage collectif « Nous écrivons depuis la révolution ». On confronte nos impressions, nos enseignements, nos inspirations et nos interrogations quand il y en a. J’ai aussi rencontré de nombreux Kurdes qui vivent aujourd’hui en France, par exemple dans le cadre du Centre culturel kurde à Paris. Tous ces échanges contribuent à enrichir la compréhension de ce qui se passe au Rojava.
Alors précisément, que se passe-t-il au Rojava ?
C’est difficile à résumer, parce que c’est une expérience révolutionnaire systémique, c’est-à-dire que tous les codes et tous les mécanismes de la société sont en cours de métamorphose et de mutation profonde. Je citerais quatre piliers : la démocratie de base, la libération des femmes, l’écologie et la coexistence des communautés.
Le Rojava porte une critique très forte de ce que nous appelons la démocratie représentative et la volonté de mettre en place une démocratie ascendante. Le premier et principal échelon de l’organisation sociale est celui de la Commune, au sens du regroupement d’une centaine de foyers qui, pour l’essentiel, prend les décisions qui la concerne à son propre niveau, avec un principe sincère et poussé de décentralisation et de subsidiarité. Des niveaux intermédiaires, pour les questions qui ne peuvent pas se résoudre à l’échelle de la Commune, existent à l’échelon des cantons. La situation de guerre et d’urgence qui prévaut au Rojava, avec ses impératifs de pragmatisme et d’efficacité, a pour effet, me semble-t-il, d’éviter certains travers bureaucratiques et technocratiques dans la mise en place de ces mécanismes de démocratie de base.
Celle-ci va de pair avec une autre composante, sans doute la plus visible pour un observateur extérieur, qui est la place des femmes et l’abolition du patriarcat. J’ai eu l’occasion, lors de mon premier séjour, de me rendre dans une assemblée de canton. Il y avait là autant de femmes que d’hommes et, au micro, les femmes prenaient la parole, elles participaient activement aux discussions et aux décisions politiques. Et rien que ça, qui nous paraît relativement naturel (et encore), c’est en soi une révolution. Beaucoup de ces femmes n’étaient quasiment jamais sorties de leur maison avant et étaient cantonnées à des tâches domestiques. En un laps de temps extrêmement court, elles sont entrées en politique. Elles acquièrent aussi leur autonomie par le biais de l’économie sociale et solidaire, avec des coopératives de femmes notamment. Ça change vraiment une société. Tout n’est pas achevé, loin de là. Les réflexes patriarcaux sont encore très ancrés, même au Nord-Est de la Syrie. Mais ce changement de pratiques, au sein des assemblées par exemple, est un élément extrêmement marquant.


Il s’agit là d’un bouleversement radical, certes imparfait mais bel et bien effectif. Qu’en est-il de l’écologie ?
Pour être honnête, aujourd’hui la préoccupation écologique se conçoit surtout de manière théorique, assez peu encore dans les faits, même si des projets d’agroécologie ou comme « Make Rojava Green again », par exemple, se mettent rapidement en place. Mais on part de loin sur ces questions-là ; il faut bien comprendre que le territoire a été volontairement maintenu dans un état de délabrement social et environnemental par le régime syrien. Concrètement, c’est une région dans laquelle il y avait très peu de services publics et d’infrastructures, aucune université, aucune paysannerie, puisque toutes les terres étaient affectées à la culture intensive de céréales – la région était considérée comme le grenier du pays. Le traitement des déchets, l’assainissement de l’eau, toutes ces questions qui relèvent du service public de base sont largement à développer. Donc, les choses se mettent en place, mais le chantier est immense. Les Kurdes du Rojava n’avaient même pas le droit de planter un arbre dans leur jardin ! Cela leur était interdit par Damas parce que planter un arbre, c’était déjà s’enraciner et que le régime syrien voulait à tout prix éviter que les Kurdes se sentent chez eux, sur leurs terres. Quand j’y suis allée à l’été 2019, des personnes nous ont emmenées, avec des mines ravies, découvrir « leur forêt ». En fait, de forêt, on a trouvé un petit bois avec un lac artificiel qui est l’endroit où les familles vont pique-niquer le vendredi. Voilà, simplement pour dire à quel point nos propres repères sont complètement en décalage par rapport à la réalité de ce qui se vit là-bas.
Il n’en reste pas moins que l’écologie est très présente dans les esprits. C’est une volonté réelle. Elle est formulée en lien avec la question du patriarcat, du capitalisme, de la révolution. La mettre en place de manière concrète est un vrai combat.
Quatrième trait marquant, l’aspiration à la coexistence des cultures, des ethnies et des religions a-t-elle pris pied dans la réalité du Rojava ?
C’est un processus en cours et les résultats atteints jusqu’ici sont remarquables. Dans l’histoire des luttes, lorsqu’une population minoritaire et opprimée accède au pouvoir, on a souvent assisté à un retour de balancier. Ce qui est très marquant au Rojava, c’est que cela ne s’est pas passé comme ça. Les populations kurdes à qui on interdisait, sous menace d’emprisonnement, de parler leur propre langue ou de fêter leurs propres événements culturels, ces populations, quand elles sont devenues maîtresses de leur destinée, n’ont pas procédé à une « kurdisation » de la région. Aujourd’hui, les manuels scolaires sont fournis en trois langues, arabe, kurde et assyrien, les assemblées sont co-présidées par des binômes arabo-kurdes et se déroulent dans les deux langues. Les forces d’autodéfense sont non seulement mixtes en terme de parité femmes-hommes, mais elles sont aussi mixtes entre Arabes, Kurdes et d’autres ethnies. A l’heure où tout le monde est en train de se raidir sur les questions identitaires, et pas seulement au Proche-Orient, je trouve que c’est particulièrement notable de la part de ces populations du Nord-Est de la Syrie que d’arriver à coexister ainsi, et ce avec, je trouve, beaucoup d’intelligence.
Dans certaines zones, comme à Raqqa, ville à dominante arabe libérée plus récemment, c’est certainement plus compliqué. Mais il n’empêche : cette ancienne « capitale » de l’Etat Islamique est aujourd’hui co-dirigée par une jeune femme kurde, Leila Mustapha. Quelle symbolique puissante !
Cela nous ramène à la libération des femmes et de la fin du patriarcat comme pierre angulaire du processus de transformation profonde et anticapitaliste de la société au Rojava. En quoi cet enjeu dépasse-t-il, selon vous, certaines formes de féminisme ?
Un passage l’éclaire bien, je trouve, dans l’ouvrage « Nous vous écrivons depuis la révolution » (pp 77-84). En deux mots, la jineolojî, c’est une manière de revisiter les différents savoirs et disciplines scientifiques par le regard des femmes, en partant du principe qu’ils ont toujours été élaborés à partir de regards d’hommes ou en tout cas d’une société patriarcale. Là où la jineolojî va un cran plus loin que certaines formes de féminisme, pour moi, c’est qu’elle se pense comme une approche systémique : l’émancipation des femmes n’est jamais dissociée de la critique de l’État ou du capitalisme. Comme l’éco-féminisme, la jineolojî fait le lien entre les différentes formes de domination : celle que l’être humain exerce sur le vivant et les écosystèmes, celle que le patriarcat exerce sur les femmes, celle que le capitalisme exerce sur les travailleur-ses. A travers leur implication en politique et en gagnant leur autonomie financière, le but est que les femmes soient actrices à part entière de la transformation profonde de la société, pas qu’elles reproduisent les schémas éculés. Le but de la révolution au Rojava n’est pas d’aider les femmes à rentrer dans le système actuel, mais de changer ce système. J’aime bien cette formulation, elle fait écho au débat qui nous agite depuis des années dans le milieu de l’écologie, notamment avec l’écosocialisme qui postule que l’écologie, justement, est forcément anticapitaliste.
Quel lien faites-vous entre votre engagement en tant qu’élue de la République et l’expérience révolutionnaire du Rojava ?
J’ai connu le Rojava au moment même où j’éprouvais des interrogations de plus en plus fortes sur la démocratie représentative et les limites de l’exercice de mon mandat institutionnel. Je me suis depuis beaucoup rapprochée des réflexions anarchistes et autogestionnaires. La situation au Rojava n’est absolument pas comparable avec ce que nous vivons ici, mais je trouve ce qui s’y passe extrêmement riche en enseignements. A fortiori parce que justement, ce que les Kurdes, Assyriens, Arabes, Turkmènes arrivent à mettre en place, en termes de coexistence, de démocratie, de place des femmes et d’anticapitalisme, sur ce territoire de plusieurs millions d’habitants, dans un contexte de pénurie de pétrole, d’électricité, d’eau courante, avec des menaces permanentes de conflits armés, je trouve que cela devrait nous inspirer, nous qui bénéficions de bien plus de marge de manœuvre. Nous inspirer … et questionner nos propres systèmes de confort et de valeurs, alors que nous vivons probablement le début d’une ère de basculements civilisationnels.
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